Amazon : « Le diable est dans les emplois »

Amazon : « Le diable est dans les emplois »

L’annonce par le groupe américain de la création de 1 800 emplois en France a suscité des réactions négatives et des manifestations. Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde », s’interroge sur ce paradoxe.

Publié aujourd’hui à 10h58 Temps de Lecture 2 min.

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Manifestation devant l’entrepôt Amazon de Clichy, mardi 2 juillet.
Manifestation devant l’entrepôt Amazon de Clichy, mardi 2 juillet. PHILIPPE LOPEZ / AFP

Pertes et profits. Amazon a cru opportun, ce mardi 2 juillet, d’annoncer la création de 1 800 emplois sur le territoire français, au moment même où Conforama présentait un plan de suppression de 1 900 postes. La comptabilité semblait presque parfaite. Sauf pour les manifestants, qui se sont massés devant les entrepôts de Clichy, Lille et Toulouse, exigeant l’arrêt de l’expansion de l’américain en France, qui prévoit d’ouvrir trois nouveaux sites. Le diable est dans les emplois, a expliqué la coalition d’écologistes et de « gilets jaunes » qui accuse l’entreprise de vouloir détruire à la fois le climat et les magasins traditionnels.

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Cette polémique soulève trois questions qui méritent d’être posées, mais pas d’être confondues. La première est celle de la qualité des emplois créés par rapport à ceux qui sont supprimés. Amazon recrute aux deux bouts de la chaîne. D’un côté, des ingénieurs informatiques et autres experts en intelligence artificielle et, de l’autre, des magasiniers, livreurs et agents de maintenance. De vendeurs point. Tout le contraire de Conforama, dont une bonne partie des employés se tient face au client pour vendre canapés et armoires.

Un des premiers employeurs mondiaux

Cette mutation de l’emploi n’a pas attendu Amazon pour s’exprimer. Le métier de chauffeur est l’un des plus recherchés en France, comme ailleurs. La logistique est désormais le nerf de la consommation, comme on peut le constater aux abords de toutes les grandes villes de France, où s’alignent des kilomètres de hangars métalliques.

Le commerce électronique détruit-il plus d’emplois qu’il n’en crée ?

La deuxième question posée est celle de la productivité des emplois. Le commerce électronique détruit-il plus d’emplois qu’il n’en crée ? Cela semble vrai si l’on en juge par les études conduites aux Etats-Unis, qui ont vu disparaître les chaînes de magasins depuis plus de dix ans de manière massive.

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Néanmoins, Amazon est devenu, dans le même laps de temps, l’un des premiers employeurs mondiaux. Il fait travailler plus de 640 000 personnes (temps pleins et temps partiel), ce qui est cohérent avec l’explosion de son chiffre d’affaires qui a dépassé, en 2018, les 230 milliards de dollars (204 milliards d’euros). Un ratio qui n’est pas très éloigné de celui de Carrefour, avec ses 370 000 employés pour près de 90 milliards de ventes. D’autant que les activités d’Amazon sont plus larges et, surtout, que sa place de marché sur Internet fait travailler des millions de sociétés indépendantes, grandes et petites, qui représentent le tiers de son chiffre d’affaires. Un écosystème qui ne ressemble pas à celui d’un distributeur traditionnel.

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LJD

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