Alibaba licencie une employée qui avait accusé un collègue de l’avoir violée
Alibaba fait régner la loi du silence. Quatre mois après les allégations de viol d’une jeune employée à l’encontre d’un de ses supérieurs, le numéro un chinois du commerce en ligne a licencié la jeune femme, au prétexte qu’elle aurait « diffusé des mensonges », rapporte le quotidien Dahe Daily, un journal d’Etat de la province du Henan, dans le centre de la Chine. En août dernier, la jeune employée avait dénoncé l’absence de réaction d’Alibaba après ses plaintes, sur un réseau social interne à l’entreprise, suscitant des réactions indignées parmi les employés, puis sur les réseaux sociaux chinois une fois l’affaire connue du grand public.
C’est apparemment ce dernier point qu’Alibaba n’a pas digéré : fin août, la société avait déjà licencié une dizaine d’employés pour avoir diffusé les accusations de Mme Zhou (on ne connaît que son nom de famille) sur des réseaux sociaux. Alibaba avait alors averti ses 250 000 employés en leur rappelant ses règles strictes, qui interdisent la diffusion en public des échanges ayant lieu sur son forum interne, rapporte l’agence Bloomberg.
D’après sa lettre de licenciement, publiée par Dahe Daily, elle est accusée par l’entreprise d’avoir « diffusé des mensonges, comme le fait qu’elle ait été “violée par des cadres et que l’entreprise le savait et n’a pas réagi” ». La jeune femme avait pourtant raconté son agression à la cantine armée d’un haut-parleur, puis publié un long récit sur le forum interne de l’entreprise, pour obtenir une réaction de sa hiérarchie. « Depuis août, l’incident a connu beaucoup de rebondissements et le dommage causé à l’entreprise, et les parties, vous y compris, est incalculable », poursuit la missive. Mme Zhou entend contester son licenciement, effectif depuis le 25 novembre, d’après son avocat, qui a confirmé les faits à plusieurs médias.
Reconnaissance de problèmes « systémiques »
En août, Alibaba avait dû faire amende honorable, le PDG, Daniel Zhang, aux manettes depuis le départ de Jack Ma en 2019, déclarant dans une lettre publique : « Cet incident est une humiliation pour tous les employés d’Alibaba. » Le dirigeant s’en prenait aussi à « l’horrible culture de la consommation forcée d’alcool ». Reconnaissant des problèmes « systémiques », il avait annoncé la mise en place d’une politique antiharcèlement et des formations sur la question. D’après la lettre, le manageur mis en cause, qui a reconnu avoir commis des « actes intimes » sur la jeune femme alors qu’elle était en état d’ébriété, a été licencié. Deux cadres, qui n’ont pas réagi aux accusations de Mme Zhou, ont aussi démissionné. Daniel Zhang promettait aussi : « Nous ferons tout ce que nous pouvons pour prendre soin d’elle. »
Il vous reste 27.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.