A Nice, le manque de saisonniers dans l’hôtellerie-restauration met le secteur sous tension
Sur la Côte d’Azur, à quelques jours du début de la saison estivale, le soleil est d’ores et déjà au rendez-vous, tout comme les touristes nationaux et internationaux. Les employés saisonniers, eux, se font plus rares.
Un peu partout dans Nice (Alpes-Maritimes) fleurissent des panneaux et autres affichettes sur les devantures des restaurants : « Recherche serveuse et barman. Déposez votre CV ». Du café de la place Masséna au plus célèbre des fast-foods, avenue Jean-Médecin, en passant par les restaurants de la promenade des Anglais, nombreux sont les établissements qui ne parviennent pas à compléter leurs équipes.
« La “coupure” est devenue un gros mot »
Ce besoin de main-d’œuvre oblige les professionnels du secteur à améliorer les conditions de travail pour attirer du personnel, sous peine de voir leur établissement fermer partiellement ou refuser des clients faute de bras.
C’est le cas de Tom Wander, gérant du Bistrot gourmand, restaurant situé près de la place Masséna et ouvert toute l’année. « Les profils avec de l’expérience sont durs à trouver et à garder », reconnaît le jeune homme de 29 ans, à la tête de l’établissement depuis un an et demi. « On a donc changé de stratégie, notamment sur les horaires. C’est la première question qu’on me pose avant même de parler du salaire. Les gens sont à la recherche de temps parfois plus que d’argent. Le système de “coupure” [la pause de plusieurs heures entre les services du midi et du soir], il faut oublier. C’est devenu un gros mot. » Terminés, donc, les services en deux temps. Les employés en salle travaillent désormais de 10 heures à 17 heures ou de 17 heures à la fermeture du restaurant, entre 23 heures et minuit.
Une nouvelle accueillie avec enthousiasme par Sylvain Fragneau, l’assistant maître d’hôtel de l’établissement. Comme plusieurs de ses proches, ce père de famille de 29 ans a songé, durant les confinements successifs, à quitter le milieu qu’il a intégré quatorze ans plus tôt. « Je me suis beaucoup questionné. Bon nombre de mes amis, en cuisine ou dans l’hôtellerie, sont partis pour avoir une vie sociale plus épanouie. » C’est bien le changement d’organisation au sein du restaurant, décidé après concertation avec son patron, qui l’a convaincu de rester.
« Le Covid a changé notre façon de vivre », abonde Sophian Dallée, chargé du recrutement à la plage privée la Baieta, promenade des Anglais. « Les doléances ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années. Aujourd’hui, ils veulent tous “faire des longues”, comme on dit ! Je comprends que le personnel qui vit les coupures à longueur de temps en a marre. »
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