A Madaras, en Roumanie, le ballet des capitaux étrangers ne fait que commencer

A Madaras, en Roumanie, le ballet des capitaux étrangers ne fait que commencer

A Bruxelles, en 2017.
A Bruxelles, en 2017. THIERRY CHARLIER / AFP

Routes défoncées, paysans qui se déplacent encore en carriole à cheval et maisons modestes disséminées dans des espaces désolants… Madaras, ville de quelque 3 000 habitants située dans le nord-ouest de la Roumanie, correspond à tous les clichés de la Roumanie postcommuniste. Mais, malgré les apparences de pauvreté et d’abandon, un afflux inattendu de capitaux lui redonne vie. Le 7 février, le fabricant d’appareils électroménagers De’Longhi y a annoncé l’ouverture d’un nouveau centre de production. La direction du groupe italien demeure discrète au sujet de ce second investissement en Roumanie, où elle compte rapatrier sa production de Chine.

Plus de 500 nouveaux emplois s’ajouteront aux 1 000 que l’entreprise italienne a créés, en 2012, en relocalisant sa production de Chine dans le village de Jucu, situé à proximité de Madaras. « Cet investissement vise une croissance organique sur nos principaux marchés, lit-on dans le communiqué de l’entreprise. Notre stratégie consiste à réduire le temps de production et de livraison de nos produits, tout en maintenant un niveau de qualité élevé. » La main-d’œuvre bon marché et un impôt unique de 16 % sur les profits et les salaires ont convaincu le groupe de s’implanter en terre roumaine.

Dans les années 1990-2000, le dragon chinois attirait tel un aimant les investissements occidentaux. La main-d’œuvre bon marché et la taille de la Chine étaient un argument suffisant pour mettre les voiles vers l’Extrême-Orient. Mais la pandémie de Covid-19 est en train de changer la donne. Le nouveau mot d’ordre n’est plus « délocalisation », mais « relocalisation ». Mais où relocaliser ? « En Europe de l’Ouest, la main-d’œuvre coûte très cher, les syndicats sont très actifs et le niveau des taxes et des impôts donne à réfléchir, explique l’économiste Radu Cojocaru. Mais, plus on avance vers l’Est, plus la donne change : une main-d’œuvre moins chère, des syndicats plus coopérants et une fiscalité très compétitive. »

Nouvel eldorado

La Roumanie et la Bulgarie, pays situés à l’extrémité orientale de l’Union européenne (UE), espèrent profiter de ce changement de paradigme économique et se repositionner comme le nouvel eldorado des relocalisations. « Ces dix dernières années, l’Europe centrale et orientale a choisi de se réindustrialiser, a déclaré le vice-premier ministre bulgare, Tomislav Dontchev, le 17 avril. La Bulgarie a un avantage, car, à la différence d’autres Etats de l’UE, elle a préservé et développé ses sites de production. Les nouveaux membres de l’UE pèseront plus dans l’industrie européenne une fois que le choc de la pandémie sera passé. »

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