A la Deutsche Bahn, la grève s’achève, mais les tensions perdurent

Le dernier mouvement de grève des cheminots de la Deutsche Bahn (DB) s’est achevé mercredi 25 août, au petit matin. Dans l’après-midi, le trafic a repris normalement, après trois jours de fortes perturbations. Cependant, les tensions sont loin d’être apaisées.
Malgré ce deuxième épisode de grève depuis le début du mois d’août, aucun accord n’a été trouvé entre la direction de la compagnie ferroviaire, propriété de l’Etat fédéral, et le syndicat des conducteurs de train GDL – qui réclamait notamment pour eux des hausses de salaire 3,2 % sur deux ans ainsi qu’une prime « Corona » de 600 euros.
La situation laisse craindre de nouvelles turbulences au cours des semaines à venir. Par le passé, les mouvements de grève des cheminots se sont parfois étirés pendant des mois, comme en 2014-2015. Une exception au regard du dialogue social qui prévaut outre-Rhin, où les interruptions de travail dites d’« avertissement » se limitent le plus souvent à quelques heures, et suffisent en général à accélérer les négociations.
Enjeu de pouvoir
Pour motiver son refus, la direction de la Deutsche Bahn argue de la situation précaire dans laquelle elle se trouve. Difficile de le nier, l’année qui vient de s’écouler a été l’une des plus éprouvantes de son histoire. La chute du trafic consécutive à la pandémie de Covid-19 a entraîné une perte de 5,7 milliards d’euros en 2020. Le premier semestre 2021 a certes permis une amélioration, mais le bilan reste peu enviable.
Ainsi, la compagnie devrait afficher une perte opérationnelle de 2 milliards d’euros cette année, ont annoncé les dirigeants du groupe lors de la présentation des résultats, fin juillet. Et cela sans compter les coûts liés aux inondations catastrophiques de l’été dans l’ouest du pays, qui ont provoqué des dommages estimés à 1,3 milliard d’euros. La dette du groupe s’élève à 32 milliards d’euros.
Toutefois, ces chiffres révèlent aussi que la direction de la DB avait toutes les raisons d’éviter une nouvelle interruption du trafic – nécessairement onéreuse –, pour une augmentation de salaire inférieure à l’inflation attendue en 2021 et 2022. Les discussions avec Claus Weselsky, le président du syndicat GDL, sont depuis longtemps empreintes de défiance réciproque.
En Allemagne, la législation dite de l’« unité tarifaire » avantage le syndicat majoritaire dans une entreprise au niveau des négociations salariales
Au-delà des désaccords sur le tarif, le conflit comporte également un enjeu de pouvoir. En effet, le petit GDL (37 000 membres, dont 80 % de conducteurs de train) cherche à attirer de nouvelles recrues face à l’EVG, l’organisation concurrente plus nombreuse et d’ordinaire plus conciliante, pour représenter les salariés du ferroviaire. En Allemagne, la législation dite de l’« unité tarifaire » avantage le syndicat majoritaire dans une entreprise au niveau des négociations salariales.
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