A Gardanne, la reprise d’Alteo fait face à de nouveaux écueils
Industriels chinois et américains, investisseurs financiers français ou britanniques, tous défilent à Gardanne (Bouches-du-Rhône) pour visiter l’usine Alteo qu’ils proposent d’acquérir. La raffinerie d’alumines de spécialité est en redressement judiciaire depuis décembre et, à l’issue d’une audience fixée au 15 octobre, le tribunal de commerce de Marseille aura à trancher entre les huit offres de reprise reçues par les administrateurs judiciaires. Fin juillet, le nombre de candidats au rachat – parmi lesquels des majors de l’industrie mondiale de l’aluminium – a pu rassurer les 500 salariés sur la survie de l’entreprise, mais les organisations syndicales redoutent néanmoins « une casse sociale ».
Six de ces huit offres envisagent, en effet, un démantèlement de cette usine implantée depuis 1894 dans la cité minière provençale mais qui s’est érigée au rang de leader mondial dans les alumines de spécialité entrant dans de nombreux produits de haute technologie : écrans de smartphone, prothèses de hanche, batteries au lithium-ion… De l’américain New Day Aluminium au britannique Tiger Hill en passant par le conseiller en investissements financiers Capza Transition, le fonds d’investissement Hivest, le groupe United Mining Supply, spécialisé dans la logistique des sociétés minières, ou encore Chalco, numéro 1 chinois de l’aluminium, tous ces candidats privilégient l’abandon du procédé Bayer, une étape en « amont » qui consiste à traiter la bauxite pour en extraire des hydrates d’alumine.
Dépollution des sols
Ils proposent de ne conserver que « l’aval », la transformation de ces hydrates en alumines de spécialité. En abandonnant la bauxite, les repreneurs se débarrassent de ses résidus, les célèbres boues rouges qui ont pollué la Méditerranée de 1966 à 2015. Dans ce scénario, la matière première serait importée, mais cela se solderait par la suppression d’environ la moitié des emplois.
Sauf que cette partition industrielle pourrait ne jamais intervenir. La société Rio Tinto, qui avait cédé en 2012 l’usine à son actuel propriétaire, le fonds d’investissement américain HIG Capital, vient de faire savoir aux administrateurs judiciaires qu’en cas de démantèlement d’Alteo du fait de la procédure de redressement, elle ne serait plus tenue par la garantie environnementale sur la dépollution des sols et la remise en état des lieux, garantie qu’elle avait accordée à son successeur.
Le propriétaire actuel, HIG Capital, pourrait, selon certaines sources, proposer un plan de continuation et d’apurement
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