« A cotisation égale, ceux du bas de l’échelle sociale profiteront bien moins de leur retraite »

« A cotisation égale, ceux du bas de l’échelle sociale profiteront bien moins de leur retraite »

Selon deux élus écologistes dont Yannick Jadot et deux experts du monde du travail qui s’expriment dans une tribune au « Monde », la réforme des retraites mise en œuvre par le gouvernement est socialement injuste car elle ne prend pas en compte les critères de risques professionnels.

Publié aujourd’hui à 10h11, mis à jour à 10h13 Temps de Lecture 4 min.

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« A 35 ans, l’espérance de vie des hommes ouvriers est de 42,6 années contre 49 ans pour les cadres. Celle des ouvrières est de 49,8 ans contre 53 ans pour les femmes cadres » (Photo: Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites délégué auprès d’Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, le 18 juillet).
« A 35 ans, l’espérance de vie des hommes ouvriers est de 42,6 années contre 49 ans pour les cadres. Celle des ouvrières est de 49,8 ans contre 53 ans pour les femmes cadres » (Photo: Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites délégué auprès d’Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, le 18 juillet). KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Tribune. Même si le gouvernement a décidé d’engager un cycle de « négociations » avec les organisations syndicales et patronales ainsi qu’une consultation citoyenne, le projet de réforme des retraites, présenté en juillet et dont la « justice » serait la pierre angulaire, passe en réalité totalement à côté du sujet, tant l’équité n’est que de façade (« Pour un système universel de retraite. Préconisations de Jean-Paul Delevoye, Haut-Commissaire à la réforme des retraites », juillet 2019, voir lien PDF).

Un système de retraite ne saurait être juste si la première des inégalités, celle liée aux différences d’espérance de vie, n’entrait pas en ligne de compte.

En outre, il est totalement déraisonnable qu’à l’occasion de cette réforme on assiste encore à un recul de l’âge de la retraite – soit sous la forme d’un âge pivot de 64 ans pour bénéficier du taux plein, proposée par Jean-Paul Delevoye, soit sous la forme d’un allongement de la durée de cotisation, annoncée par Emmanuel Macron.

L’une ou l’autre de ces mesures va inévitablement compliquer le maintien dans l’emploi des salariés vieillissants en raison de la pénibilité du travail, incompatible avec l’avance en âge et la santé.

En bonne santé

Ainsi, la volonté affichée de l’exécutif qu’« un euro cotisé doit donner les mêmes droits pour tous » apparaît très réductrice dans la vraie vie pour des milliers de salarié(e)s. Ceux du bas de l’échelle sociale profiteront bien moins de leur retraite alors qu’ils auront cotisé aussi longtemps que les catégories plus favorisées ; de surcroît, ils risquent d’être exclus du monde du travail avant de pouvoir jouir de ce droit ce qui pénalise le montant de leur pension.

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Les inégalités d’espérance de vie entre catégories socioprofessionnelles sont désormais bien connues. A 35 ans, l’espérance de vie des hommes ouvriers est de 42,6 années contre 49 ans pour les cadres (source Insee 2016). Celle des ouvrières est de 49,8 ans contre 53 ans pour les femmes cadres. Les écarts sont encore plus marqués si l’on considère l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire sans incapacité : 10 ans. Et l’incapacité n’est pas l’apanage du grand âge. Un quart des années à vivre entre 50 et 65 ans le sont avec des limitations d’activité. Avec, là aussi, des différences significatives entre les ouvriers et les cadres, au détriment des premiers.

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LJD

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