Mobilités : le vélo, tout un métier
« Le poste est au carrefour de la politique et de la technique. On touche à tout, on ne s’ennuie jamais. » Secrétaire générale du Club des villes et territoires cyclables et marchables (CVTCM), qui réunit 220 collectivités, Catherine Pilon, urbaniste de formation, a fait de sa passion, « les déplacements à vélo », son métier. Elue à Montreuil (Seine-Saint-Denis) jusqu’en 2020, écologiste, elle a été recrutée quelques mois plus tard à ce poste stratégique.
Florian Le Villain, vice-président de l’association rennaise Rayons d’action jusqu’en 2021, est désormais salarié de Solcy, une société de conseil en aménagement créée par Charles Maguin, qui a lui-même fondé puis présidé l’association Paris en selle. Et Samy Guyet, ancien coordinateur pour l’Ademe (Agence de la transition écologique) et pilier de l’association nantaise Place au vélo, a créé il y a deux ans RésilienCités.
La forte hausse de la pratique du vélo, confirmée depuis le début de la pandémie, suscite des vocations. Les militants qui, il y a une dizaine d’années, peinaient à obtenir un rendez-vous auprès d’un adjoint aux transports déterminent désormais la stratégie cyclable des collectivités.
« Reconversion éthique »
Certains d’entre eux, d’Annecy à Périgueux, de Meylan (Isère) à Faches-Thumesnil (Nord), ont même pris la place des élus qu’ils cherchaient à convaincre autrefois. Cette tendance atteint son paroxysme dans la métropole de Lyon, où de nombreux élus écologistes chargés des mobilités, à commencer par le vice-président de la métropole, Fabien Bagnon, militaient jusqu’en 2020 au sein de l’association La Ville à vélo.
« Le secteur du vélo attire car il répond à un besoin de sens, d’engagement. » Sébastien Marrec, doctorant en urbanisme et aménagement
Les associations provélo fonctionnent comme des réservoirs. Les militants, à force d’arpenter les rues de leur ville et d’échanger avec leurs pairs, ont développé une connaissance en matière d’aménagements cyclables qui surpasse celle des techniciens en place. « Observer les usages, comprendre les aménagements ou les cartographier, ce sont des choses que l’on fait naturellement quand on milite dans une association », témoigne Samy Guyet, à Nantes. « Le métier d’aménageur cyclable, pour lequel il n’existe aucune formation, est en train de se créer de manière empirique », résume Roman Ville, urbaniste et consultant en « modes actifs » (marche et vélo) chez Inddigo, l’un des cabinets leaders du secteur.
« Aux Pays-Bas, les allers et retours entre le milieu associatif provélo et le monde professionnel ou politique sont fréquents », signale Sébastien Marrec, doctorant en urbanisme et aménagement. En outre, « le secteur du vélo attire car il répond à un besoin de sens, d’engagement », poursuit-il. Parmi les nombreuses candidatures qu’il reçoit, Roman Ville, chez Inddigo, note cette envie de « reconversion éthique ».
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