Discriminations à l’embauche : les agences d’intérim font leur mea culpa
« Une première étape indispensable », de l’avis d’Elisabeth Moreno. Le 6 janvier, les réseaux d’intérim ont présenté à la ministre déléguée chargée de l’égalité et à la ministre du travail, Elisabeth Borne, leurs plans d’action pour mettre fin aux discriminations à l’embauche.
Le 8 octobre 2021, une opération de « testing inversé » menée par SOS Racisme auprès des plus grands réseaux d’intérim franciliens avait révélé que près de la moitié des agences sondées acceptaient de discriminer les candidats à la demande de leurs clients potentiels. Elisabeth Moreno et Elisabeth Borne avaient demandé aux réseaux d’intérim concernés de mettre en place des « actions concrètes » afin que ces pratiques cessent.
Parallèlement, Prism’emploi, l’organisation patronale de la branche du travail temporaire, s’est engagé à moderniser ses accords de branche. Lors du testing organisé par SOS Racisme, entre 60 % et 70 % seulement des agences de Manpower, Randstad et Crit ont répondu par la négative à des demandes discriminatoires de recruteurs potentiels.
« Depuis deux ans, il est vrai que l’on a moins communiqué en interne sur ces sujets, reconnaît Aline Crépin, directrice de l’innovation sociale et des affaires publiques chez Randstad. Cela n’excuse rien, mais on a fait face à une crise historique avec des agences qui se sont retrouvées avec une baisse de leur activité de 90 %. Or, on sait qu’en matière de discrimination, il faut tout le temps revenir dessus et resensibiliser. »
Crit Intérim annonce au Monde la mise en place d’opérations de testing interne par un organisme indépendant, dès cette année. Les recruteurs suivaient déjà une formation obligatoire, qui sera redéployée, sur les sujets liés à la diversité. C’est peu ou prou le plan d’action mis en place par Randstad. Le groupe a décidé de réactiver les appels mystères, arrêtés en 2018. « Au bout d’un moment, les agences les repèrent et ça a moins cette vocation pédagogique, mais cela permet de garder une vigilance permanente. »
La formation est l’autre axe essentiel, selon Aline Crépin : « On a déjà des modules obligatoires sur le thème de la discrimination, mais on s’est rendu compte que seuls 80 % des nouveaux entrants avaient suivi cette formation jusqu’au bout. » Le groupe travaille sur un jeu pour sensibiliser de manière ludique ses collaborateurs à la discrimination.
« Les ETT ne font que le sourcing »
Délégué FO-Intérim, Mathieu Maréchal s’avoue sceptique face aux plans d’action mis en place par les entreprises de travail temporaire (ETT). Ces initiatives ont pour défaut de ne pas inquiéter le client final : l’entreprise qui sollicite l’agence d’intérim. Cette dernière peut tout à fait trier les candidatures envoyées par les agences d’intérim selon ses propres critères. « Les ETT ne font que le sourcing : elles présentent les CV et l’entreprise fait son choix. Dans ce cas, comment voulez-vous prouver qu’il y a discrimination ? »
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