Pour les salariés de start-up, le mirage des « stock-options à la française »

Pour les salariés de start-up, le mirage des « stock-options à la française »

« Les BSPCE, pour moi, c’est comme les calamars géants ! J’en ai entendu parler lors de l’embarquement sur le chalutier, mais je n’en ai jamais vu la couleur. » Alexandre (les prénoms ont été changés), ancien employé d’une petite entreprise, est loin d’être le seul à s’être senti floué par ces bons de souscription de parts de créateur d’entreprise, dispositif très en vogue dans les start-up, qui fait miroiter des sommes colossales à leurs équipes. « On m’a dit que, grâce à ces stock-options à la française, je pourrais me payer une maison d’ici quelques années. Je n’ai même pas touché un centime, puisque la boîte a coulé », relate Pierre avec amertume.

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« On a beaucoup de gens qui n’en voient pas la couleur », constate Marie, responsable ressources humaines chargée des BSPCE dans une start-up de finance. Les BSPCE promettent de participer au succès d’une société en devenant actionnaire, mais plus tard, à un « prix d’ami » défini au moment de la signature. Selon le baromètre 2021 EY-France Digitale, 51 % des salariés de start-up réalisant un chiffre d’affaires annuel entre 5 millions et 50 millions d’euros possèdent des BSPCE.

« Il n’y aurait pas de French Tech sans BSPCE, juge Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique. Dans l’univers des start-up, la rémunération en capital est essentielle dans la lutte pour les talents. » Pour les entreprises, les BSPCE permettent en effet de motiver et de fidéliser leurs équipes. C’est aussi une carotte brandie en face de salaires parfois chiches. Pourtant, il ne s’agit que de sommes virtuelles, déblocables selon de nombreux critères, à commencer par le fait de rester dans la société un certain nombre d’années.

Manque de transparence

Selon la plate-forme Caption Market, qui aide des salariés à gérer leurs BSPCE, 75 % des détenteurs n’activeront jamais leurs bons, car ils partent avant d’acquérir leurs actions ou car la start-up a échoué à croître. « Cela ne remplace pas le salaire, c’est au salarié de le comprendre, considère Maya Noël, directrice de l’association France Digitale. Mais il est important de simplifier le sujet. » Les clauses et subtilités sont, en effet, légion. Tout est détaillé dans un pacte d’actionnaires assez abscons.

« Il faisait 80 pages, on ne comprenait rien, c’était du langage juridique », déplore Anne, ancienne d’une start-up dans l’agroalimentaire. A cela s’ajoute un manque de transparence. Maxime, développeur Web, a vu le fruit de ses bons, mais avec quelques surprises : quand son ancienne start-up a été rachetée, les équipes ont appris qu’elles allaient toucher une belle plus-value. Une fête a lieu, les salariés discutent, et découvrent des écarts de gain colossaux.

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