Les partenaires sociaux veulent reconquérir l’influence perdue depuis 2017

Les partenaires sociaux veulent reconquérir l’influence perdue depuis 2017

Les syndicats et le patronat veulent reconquérir des marges de manœuvre après en avoir perdu beaucoup durant le quinquennat d’Emmanuel Macron. C’est l’un des enjeux de la négociation qu’ils doivent démarrer, mercredi 5 janvier, sur la « modernisation du paritarisme ». Le but est de renforcer le rôle des mouvements d’employeurs et de salariés « dans la vie économique et sociale du pays », en structurant un peu mieux leur « prise de parole ». Il s’agit aussi d’une interpellation à quelques mois de l’élection présidentielle, afin de voir comment leurs préoccupations sont prises en compte par les candidats.

L’initiative s’inscrit dans le cadre de « l’agenda autonome » que le Medef avait proposé en 2021 aux autres acteurs sociaux. Plusieurs cycles de discussion sur diverses thématiques avaient été enclenchés, dont l’un a abouti à un « accord-cadre » relatif à la formation professionnelle, il y a presque trois mois. Les échanges qui débutent mercredi portent, eux, sur le « paritarisme de gestion » et le « paritarisme de négociation » : en schématisant à grands traits, le premier vocable recouvre les institutions dans lesquelles le patronat et les syndicats exercent une responsabilité forte (par exemple l’association Unédic qui pilote l’assurance-chômage), tandis que le second désigne l’activité des partenaires sociaux visant à conclure des compromis sur une problématique donnée.

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La démarche intervient dans un contexte où l’Etat a accru son emprise dans le champ des politiques relevant des organisations d’employeurs et de salariés. Une illustration : le régime d’indemnisation des demandeurs d’emploi, qui a été réformé par la loi « avenir professionnel » de septembre 2018. Désormais, les partenaires sociaux sont tenus de suivre une lettre de cadrage rédigée par le gouvernement quand ils négocient sur le fonctionnement du système.

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« Rééquilibrer les relations »

Indépendamment des transformations réalisées sous le mandat de M. Macron, qui ont renforcé les prérogatives des pouvoirs publics, les relations entre l’exécutif et les corps intermédiaires n’ont pas toujours été fluides depuis 2017. Pour le président de la République, les syndicats et le patronat ont toute leur place dans la définition des règles du jeu au niveau de l’entreprise et de la branche. En revanche, il a de sérieux doutes sur leur aptitude à gérer des organismes paritaires.

Les partenaires sociaux entendent donc apporter la preuve de leur « légitimité sur les sujets qui concernent le salariat dans sa globalité », confie Michel Beaugas, secrétaire confédéral chez FO. « Le dialogue interprofessionnel n’est pas mort, enchaîne Marylise Léon, la numéro deux de la CFDT. Il y a des thèmes sur lesquels nous avons des choses à dire, comme l’ont montré les accords nationaux mis au point fin 2020 sur la santé au travail et le télétravail. » D’après Pierre Jardon, secrétaire confédéral à la CFTC, « l’enjeu majeur » de la discussion consiste à « rééquilibrer les relations » entre, d’un côté, les syndicats et le patronat, de l’autre, le pouvoir exécutif et le Parlement. Gilles Lecuelle, secrétaire national à la CFE-CGC, y voit un exercice « nécessaire », qui permettra – entre autres – de baliser le paritarisme de négociation : « A l’heure actuelle, il n’y a pas de cadre », observe-t-il. Secrétaire confédérale à la CGT, Angeline Barth compte s’impliquer dans les travaux à venir pour « redonner une utilité » et un « pouvoir normatif » à l’échelon interprofessionnel.

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