Aérien : Groupe ADP ne prévoit pas un retour à la normale avant 2024
A l’instar des compagnies aériennes ou des constructeurs aéronautiques, le vœu le plus cher des gestionnaires d’aéroport est de refermer au plus vite le chapitre de la pandémie de Covid-19. Pourtant, jeudi 2 décembre, Augustin de Romanet, PDG de Groupe ADP, gestionnaire des aéroports parisiens de Roissy-Charles-de-Gaulle, Orly et du Bourget, en était encore à s’interroger : « Quand le niveau de trafic va-t-il rejoindre celui de 2019 ? Nous ne le savons pas ».
Le dirigeant aurait toutefois des raisons de se réjouir. A l’en croire, les prévisions établies « au début d’année seront vérifiées fin 2021 ». En moyenne, le trafic des deux grandes plates-formes parisiennes devrait passer « au-dessus des 35 % » par rapport à 2019. Une activité encore très faible, mais qui remonte en flèche depuis l’été. Preuve en est, le trafic à Roissy est désormais autour de 58 % de son niveau d’il y a deux ans, tandis qu’à Orly, il culmine à 60 %. Selon M. de Romanet, il faudra s’armer de patience pour retrouver les chiffres d’avant la crise.
Ce n’est qu’en 2024, d’après les projections d’ADP, que les deux aéroports de la banlieue parisienne reviendront à 90 % de leur trafic de 2019. Pour ce qui est du véritable retour à meilleure fortune, c’est-à-dire la remise à niveau à 100 %, l’échéance est beaucoup plus lointaine. Le gestionnaire envisage encore une fourchette large qui débute au mieux en 2024, mais pourrait aussi s’étaler jusqu’en 2027.
La dette du groupe a explosé
Pour l’heure, ce calendrier n’est pas bousculé par la cinquième vague épidémique en Europe ni par la survenue brutale du nouveau variant Omicron. L’impact des fermetures de destinations vers l’Afrique australe, foyer d’Omicron, reste limité. « Seulement six vols par jour au départ de Roissy-Charles-de-Gaulle, soit environ 6 % du trafic » de l’aéroport, note M. de Romanet. « Le moteur hoquette, mais il ne ralentit pas », assure-t-il. En revanche, il semble redouter « l’impact » de la dégradation de la situation sociale et sanitaire dans les Antilles.
Il n’empêche, pour surmonter la crise, le groupe a dû tailler dans ses effectifs et dans ses coûts : 1 150 salariés sur 6 200 ont été conduits vers la sortie dans le cadre d’un plan de départs volontaires. « ADP a aussi beaucoup réduit ses investissements », signale M. de Romanet. « Seuls trois chantiers ont été préservés : la réhabilitation du terminal 2B et la création d’une liaison entre les terminaux 2B et 2D », ajoute-t-il.
Faute de recettes avec des aéroports presque à l’arrêt, ADP a dû boucler un emprunt de 4 milliards d’euros. La dette du groupe a explosé. « En 2020, il fallait quarante-quatre années d’ebitda [bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement] pour éponger la dette », précise ADP. En 2022, le groupe voudrait ramener ce ratio à seulement « six à sept années d’ebitda ». Un remède drastique, dont le PDG se félicite car « aujourd’hui, ADP est légèrement bénéficiaire grâce à toutes ces économies ».
Il vous reste 38.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.