Dans les établissements scolaires, recherche remplaçants désespérément
Il fut un temps où recruter un enseignant par « petite annonce » relevait presque de la blague – de la « mauvaise blague », rapportent les proviseurs. L’idée était d’alerter l’opinion sur les défauts de remplacement, de dénoncer les « trous dans la raquette ».
Rentrée après rentrée, face aux difficultés récurrentes à trouver des candidats, les chefs d’établissement sont nombreux à confier s’être résolus au « système D » : poster une offre sur Leboncoin ou dans la presse locale, faire appel à Pôle emploi, demander ici à un assistant d’éducation, là à un accompagnant d’élève handicapé de s’improviser professeur. Faire jouer la « solidarité entre profs », racontent-ils aussi, en demandant aux « présents » de prendre la classe du ou des « absents » (par un échange de cours ou des heures supplémentaires).
L’école primaire n’est pas en reste : il lui faut, quand les remplaçants manquent à l’appel, répartir les élèves entre les classes (« quand bien même le protocole sanitaire demande d’éviter les brassages », tempête une directrice dans le Nord), voire laisser les portes ouvertes et faire travailler un professeur à cheval entre deux salles.
Deux mois sans français
Cette « crise aiguë » du remplacement, comme disent les enseignants, les parents d’élèves la dénoncent aussi. C’est en cette rentrée, dans un collège de l’académie de Versailles, une classe de 4e qui additionne deux mois de cours de mathématiques et de français perdus. Ou encore ces deux classes de 5e, dans un collège de la Seine-Saint-Denis, qui n’ont pas cours de français, et quatre classes qui n’ont plus histoire-géographie.
Dans une école élémentaire de la Seine-Saint-Denis, toujours, une classe de CE2 a vu la remplaçante d’une enseignante qui ne s’était pas présentée, en septembre, se faire à son tour porter pâle. « Certains jours, on a laissé les enfants dans le couloir, à jouer ou à faire des dessins, raconte une maman. Ensuite, ça a été la remplaçante de la remplaçante qui ne s’est pas présentée… On a très peu de visibilité sur la suite de l’année. » Même type de témoignage dans une maternelle où, en quinze jours, quatre remplaçants se sont succédé devant des élèves de petite section. « C’est simple, aucun enfant ne sait plus qui est la maîtresse », regrette un parent.
« Le vivier des remplaçants est à sec », martèle-t-on dans les rangs syndicaux, en dépit de l’engagement pris par le ministère de l’éducation en 2020, en pleine épidémie de Covid-19, d’injecter jusqu’à 6 000 contractuels pour le premier degré, et 8 000 assistants d’éducation dans les collèges et lycées, au titre de « moyens exceptionnels » (pas tous consommés) qui ont pris fin avec les congés d’été. Les « manques » sont antérieurs à la crise sanitaire, relève-t-on du côté de la FSU, en rappelant que, année après année, les concours de l’enseignement ne font pas « le plein », et obligent à affecter sur un poste à temps complet une bonne partie des remplaçants. La hausse des démissions n’arrange rien.
Il vous reste 49.5% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.