Dans sa ville natale d’Amiens, Emmanuel Macron tente de rassurer des ex-salariés de Whirlpool
Emmanuel Macron n’aime guère flirter avec la nostalgie. Elle est « mauvaise conseillère », explique régulièrement le chef de l’Etat. A Amiens, en visite dans sa terre natale, lundi 22 novembre, le président de la République n’a donc abordé son passé que de façon subliminale. Il ne fut pas question de l’enfance romancée d’un « héros provincial » ancien élève du lycée amiénois La Providence, parti à 16 ans à la conquête de Paris, comme Emmanuel Macron aime parfois se décrire. Il s’agissait simplement de rappeler que celui que l’on accuse parfois d’être un énarque « hors-sol » a, lui aussi, un ancrage « territorial ».
Plutôt que d’évoquer le passé, Emmanuel Macron voulait, lundi, parler d’avenir. Et à travers celui d’Amiens, évoquer le sort de cette France malmenée qui, comme l’ancienne capitale régionale, a, au cours des dernières décennies, subi, selon ses mots, « la morsure de la désindustrialisation ». Mais le président, qui, lors de son précédent déplacement dans la région des Hauts-de-France, vendredi, prétendait incarner le camp de « l’espérance », s’est vu confronté à une France industrielle qui semble inéluctablement se conjuguer au passé.
La visite a ainsi pris les allures d’un pèlerinage personnel à la tonalité cruelle, lors de l’échange organisé dès le petit déjeuner entre le chef de l’Etat et une dizaine d’anciens salariés ou syndicalistes de Whirlpool.
En 2017, lors de l’entre-deux-tours, l’ex-ministre de l’économie, alors candidat à l’élection présidentielle, était venu à la rencontre des employés du fabricant de sèche-linge sur le point de se délocaliser. Face à la candidate du Front national venue le même jour, Marine Le Pen, Emmanuel Macron avait mené un combat politique, médiatique, social. Des solutions, à l’époque, semblaient possibles.
« On a encore de l’espoir »
A l’heure où le locataire de l’Elysée s’apprête, sauf imprévu, à briguer un second mandat, lors du scrutin d’avril 2022, cette nouvelle rencontre hautement symbolique, l’a amené jusqu’aux limites de sa fonction. Faisant sienne la formule de l’ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin – « l’Etat ne peut pas tout » –, Emmanuel Macron a reconnu l’échec des diverses tentatives de reprise de l’usine.
« Je me suis fait avoir avec vous », a-t-il confié aux salariés. « Il y a d’abord eu un choix de délocalisation de l’entreprise. C’est un choix. On peut le contester mais on ne peut pas l’empêcher. Le devoir ensuite de l’Etat, de la nation c’est d’accompagner les hommes et les femmes » à se former et à retrouver un emploi, a-t-il ajouté pour rebondir. En résumé, si l’Etat ne peut contrarier la libre entreprise et ses conséquences parfois dramatiques, il peut se mobiliser pour remettre les salariés au travail en aidant à leur reconversion. Un point de vue qui a semblé séduire les personnels présents. « On a encore de l’espoir », a confirmé à l’issue de la discussion Patrice Sinoquet, délégué syndical de la CFDT.
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