Plan de relance France 2030 : où sont les emplois ?

Plan de relance France 2030 : où sont les emplois ?

C’est la promesse implicite des plans de relance et d’investissement annoncés dans le sillage du Covid : réindustrialiser, renforcer la souveraineté économique, recréer de l’emploi. « Si nous ne prenons pas ce virage de l’innovation et de l’industrialisation, nous continuerons de dégrader nos déficits extérieurs, parce qu’on continuera de dépendre et d’importer, et nous continuerons de créer trop peu d’emplois, trop peu d’opportunités pour nos jeunes et donc de les réparer par de la dépense publique », a défendu Emmanuel Macron lors de la présentation du plan France 2030 le 12 octobre.

L’industrie comme source de prospérité pour le pays, cela fait rêver tous les candidats à la présidentielle. Au cœur de cette mythologie : la France des « trente glorieuses », son plein-emploi, sa croissance et ses usines. Et surtout sa classe moyenne, bâtie sur l’industrie dont les salaires sont traditionnellement plus élevés que dans les services, et les emplois mieux protégés.

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La difficulté, c’est que l’industrie a changé. Non seulement une grande partie des emplois les moins qualifiés ont été délocalisés vers les pays à bas salaires, mais la robotisation se généralise avec les nouvelles technologies, et elle frappe large. « Les activités manufacturières sont moins riches en emplois qu’il y a vingt ou trente ans, note Vincent Vicard, directeur adjoint du Centre d’études prospectives et d’informations internationales, rattaché à Matignon. Les chaînes sont de plus en plus automatisées. »

La démographie industrielle a changé : l’époque des usines à 30 000 ouvriers, comme celle de Renault à Boulogne-Billancourt dans les années 1960, est révolue. « Aujourd’hui, une usine qui ouvre, c’est en moyenne 50 personnes, confirme François Bost, professeur de géographie économique et industrielle à l’université de Reims. Les élus locaux sont souvent déçus quand ils le découvrent, et peuvent avoir tendance à préférer accueillir un entrepôt Amazon qui emploie 2 000 personnes, cela éponge la pauvreté et le mal-emploi. »

La France n’est pas un cas à part. Dans une étude de 2019, les analystes d’Oxford Economics ont estimé que d’ici 2030, près de 20 millions d’emplois industriels pourraient disparaître à l’échelle mondiale du seul fait de la robotisation, dont 2 millions en Europe, cinq fois plus qu’au cours des vingt dernières années. Pour la plupart des experts, l’objectif des pouvoirs publics avec France 2030 n’est donc pas la création d’emplois, mais une contribution plus élevée de l’industrie dans la richesse du pays – à 11 % du produit intérieur brut en France, elle est deux fois moins élevée qu’en Allemagne. L’Elysée s’est d’ailleurs abstenu d’accoler un objectif de création d’emplois à l’annonce du plan.

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LJD

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