L’usine Ascoval ne délocalisera pas une partie de son activité en Allemagne

L’usine Ascoval ne délocalisera pas une partie de son activité en Allemagne

L’entrée du site de l’usine Ascoval, à Saint-Saulve (Nord), en janvier 2018.

Au terme de deux jours intenses, la mobilisation semble avoir payé autour de l’emblématique usine d’aciérie électrique Ascoval de Sainte-Saulve (Nord), menacée de voir une partie de son activité transférée en Allemagne par son propriétaire, Saarstahl.

Après plusieurs rencontres et à l’issue d’une nouvelle réunion dans la soirée au ministère de l’économie avec le groupe sidérurgique allemand, le cabinet de la ministre déléguée chargée de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, a fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 18 novembre, que « Saarstahl a[vait] indiqué son accord pour renoncer à son projet de transfert d’activité d’Ascoval vers son site allemand ».

Mercredi, les représentants des syndicats CGT et CFDT du site racheté il y a quatre mois par Saarstahl avaient affirmé que l’aciérie pourrait voir 40 % de sa production temporairement transférée en Allemagne. En cause : la hausse des prix de l’électricité qui alimente le site, à la pointe en matière environnementale.

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Le charbon moins cher, mais plus polluant

Saarstahl n’avait pas confirmé, affirmant n’avoir pris « aucune décision », mais le groupe avait reconnu qu’il étudiait des « options temporaires » pour « limiter les effets négatifs » de cette hausse, quand ses hauts fourneaux en Allemagne tournent au charbon, bien moins cher.

Le gouvernement avait rapidement réagi, après plusieurs années de mobilisation pour sauver le site et encore un récent prêt de 20 millions d’euros en début d’année pour payer les salaires. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait affirmé, jeudi matin, qu’il n’était « pas question » que l’aciérie voie son activité délocalisée « définitivement » en Allemagne.

Rappelant qu’il s’était « battu avec beaucoup d’énergie » pour sauver cette usine employant 270 salariés et produisant des barres d’acier destinées à la fabrication de rails, notamment pour la SNCF, et lui trouver un repreneur, il avait assuré que le gouvernement n’avait pas l’intention de « la laisser tomber ».

A en croire Bercy, le branle-bas de combat a même débuté il y a « plusieurs semaines » pour alléger les coûts des entreprises touchées par la hausse des prix de l’énergie, avec notamment l’annonce, au début de novembre, d’une aide aux entreprises les plus consommatrices d’électricité, dont Ascoval.

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Une délocalisation « scandaleuse »

Les réactions politiques n’avaient pas tardé, en pleine précampagne électorale, alors que le gouvernement a fait de la réindustrialisation et de la décarbonation de l’industrie un de ses objectifs prioritaires. Dès mercredi, le député du Nord et candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel avait écrit à Bruno Le Maire pour lui demander d’« intervenir sans délai ».

Les candidats à l’investiture du parti Les Républicains Valérie Pécresse et Xavier Bertrand étaient eux aussi montés au créneau, la première fustigeant une délocalisation « scandaleuse et ubuesque, surtout quelques jours après la COP26 de Glasgow ».

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Cette menace tombait en effet mal pour l’exécutif, qui affiche l’ambition de faire de la France une terre de production industrielle et décarbonée, grâce à une électricité nucléaire faiblement émettrice en CO2.

« Il faut que le gouvernement accède à la demande d’Ascoval sur le tarif de l’électricité », avait réclamé jeudi Xavier Bertrand, l’actuel président de la région Hauts-de-France, en marge d’une séance du conseil régional. « Quand on veut, on peut. Le président de la République vient demain dans la région ? Eh bien, il faut que lui-même apporte la réponse très clairement », avait ajouté Xavier Bertrand, alors qu’Emmanuel Macron se rend dans le Nord et l’Aisne, vendredi, pour un déplacement sur le thème du développement des territoires.

Le sujet est sensible, tant le sort d’Ascoval a mobilisé ces dernières années le gouvernement et Emmanuel Macron, à la fois comme ministre de l’économie sous François Hollande, puis depuis son arrivée à l’Elysée. Lors du rachat par le groupe sidérurgique allemand, validé en août, Bruno Le Maire avait salué « une très bonne nouvelle pour l’avenir de la filière sidérurgique française et pour les salariés ».

Le Monde avec AFP

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