Préparer le barreau : une année intense au coût certain
« La période de préparation de l’examen du barreau est très intense » C’est ainsi que Lucas, 23 ans et fraîchement admis à l’école d’avocats de Bordeaux, résume la rudesse de la préparation à l’examen du CRFPA (Centre régional de formation professionnelle d’avocats). Sélectif, son taux de réussite atteint en moyenne les 30 %. Chaque année, environ 4 000 étudiants intègrent une formation au sein des 11 écoles du barreau de France.
Fixé par un arrêté du 19 juillet 2017, le coût des dix-huit mois de formation pour se draper de la robe noire s’élève au maximum à 1 825 euros. Après une décision du 3 février 2017 du Conseil national des barreaux (CNB), institution qui organise la formation des élèves avocats, il avait été un temps question d’augmenter les frais d’inscription à 3 000 euros. Une hypothèse qui n’est pas aujourd’hui « le souhait politique » de Jean-François Mérienne, président de la commission formation du CNB. « La profession d’avocat doit être ouverte, elle n’est pas réservée à des fils d’archevêques », insiste l’avocat de Dijon.
« Les admis sont en grande majorité issus de prépas privées. » Lucas, 23 ans, admis à l’école de Bordeaux
Le recours à une préparation privée, dont le coût oscille entre 1 500 et 2 000 euros, l’été qui précède l’examen en septembre, est de plus en plus fréquent. « Les admis sont en grande majorité issus de prépas privées », constate Lucas. Et si l’on rate le barreau, il faut se redonner les moyens de s’élancer une deuxième fois.
« Une dernière fois », corrige Ibrahim Shalabi, 29 ans et avocat au barreau de Paris. Pour cet ancien étudiant boursier sur critères sociaux échelon 7 (le plus élevé), c’est le temps nécessaire aux révisions qui est un frein, davantage que le coût d’une nouvelle prépa à financer.
« Le CRFPA demande trois mois de focus. Tu ne te consacres qu’à ça, se remémore le jeune juriste. Cela signifie – sauf exception, je sais qu’il y en a qui le font – de ne pas travailler à côté. Pour quelqu’un qui vit à Paris, trois mois sans rentrer d’argent, si tu ne vis pas chez tes parents, c’est compliqué. » C’est d’ailleurs dans sa famille qu’il a révisé.
Même recette pour Lucas. « Etre chez ses parents aide. C’est plus confortable car mes journées s’étalaient de 8 heures à 19 h 30 pour préparer les épreuves écrites », explique l’élève avocat, avant d’ajouter qu’il n’avait peut-être bu que « deux bières dans l’été ». A contrario, les amitiés tissées entre étudiants révisant le CRFPA se trouvent renforcées. « Cet examen est une expérience éprouvante mais extrêmement enrichissante socialement », observe Ibrahim Shalabi, qui a gardé avec ses compagnons de révisions pour le barreau des liens « beaucoup plus forts » que ceux noués « en début de faculté de droit ».
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