La fastidieuse inclusion des salariés handicapés dans l’hôtellerie-restauration
Le Reflet à Nantes, les Cafés joyeux à Rennes puis à Paris, ou encore La Belle Etincelle, inaugurée à Paris en juin 2021 par Sophie Cluzel la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées… Les exemples de petits établissements qui emploient en majorité des cuisiniers et serveurs souffrant de déficiences cognitives, de troubles du spectre de l’autisme ou de trisomie 21 se multiplient, et leur succès permet de déconstruire certains préjugés.
A l’occasion de la vingt-cinquième Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, qui devait s’ouvrir lundi 15 novembre, le ministère du travail a publié le 10 novembre son dernier bilan qui indique que le taux d’emploi direct en équivalent temps plein dans les entreprises assujetties à l’obligation d’emploi est de 3,6 % dans l’hôtellerie-restauration, le commerce et le transport en 2019, contre 3,5 % en moyenne nationale.
De plus en plus d’employeurs ouvrent leur recrutement aux travailleurs handicapés. Plus d’un sur quatre (27 %) bénéficiaires de l’obligation d’emploi des personnes en situation de handicap travaille dans l’hôtellerie-restauration, le commerce ou le transport. Mais le travail « en milieu ordinaire » est compliqué à généraliser.
Beaucoup d’autocensure
Les préjugés sur le handicap sont particulièrement prégnants dans un secteur aux conditions de travail réputées difficiles. « La restauration est un métier sous pression, et on croit souvent que les handicapés sont plus facilement fatigables, or il n’en est rien », déplore Stéphanie Roland-Gosselin, présidente de l’association Acces, qui accompagne les jeunes salariés de La Belle Etincelle.
« Il y a aussi beaucoup d’autocensure, les conseillers comme les demandeurs d’emploi handicapés pensent que les métiers ne sont pas pour eux, estime Rachel Bouvard, directrice RSE du Groupement national des indépendants de l’hôtellerie-restauration. Pourtant la diversité a tout lieu d’être dans nos métiers. En cuisine, en service ou dans l’hôtellerie, dans les métiers liés au personnel d’étage… »
La plupart des établissements comptant moins de vingt salariés, ils ne sont pas soumis à l’obligation d’employer au moins 6 % de travailleurs en situation de handicap sous peine de devoir payer une contribution à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. « On a environ 10 000 entreprises adhérentes, dont 80 % ont moins de vingt salariés, donc n’ont pas d’obligation en matière de handicap », indique Rachel Bouvard. Ils ne sont donc pas comptabilisés dans le bilan du ministère du travail de 2019.
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