Les syndicats dénoncent le renforcement annoncé du contrôle des chômeurs

Les syndicats dénoncent le renforcement annoncé du contrôle des chômeurs

L’exécutif est, de nouveau, accusé de s’en prendre aux chômeurs. Alors qu’il vient d’annoncer une augmentation des contrôles sur les demandeurs d’emploi, plusieurs responsables syndicaux s’indignent, estimant qu’une telle mesure est « démagogique » et recèle des arrière-pensées électoralistes. Ces critiques s’ajoutent à celles lancées depuis des mois contre la réforme de l’assurance-chômage, qui a durci les règles pour accéder au dispositif tout en rendant moins favorable l’indemnisation des travailleurs précaires.

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La colère des organisations de salariés est liée à la dernière allocution d’Emmanuel Macron. Mardi 9 novembre, le président de la République a évoqué les « entrepreneurs » qui peinent à recruter de la main-d’œuvre, faute de candidats. « Au moment où trois millions de nos compatriotes se trouvent encore au chômage, cette situation heurte le bon sens », a-t-il déploré. Pour la « dépasser », le chef de l’Etat a énuméré plusieurs solutions, déjà mises en œuvre – par exemple les investissements massifs dans la formation professionnelle – ou qui se concrétiseront prochainement. Ainsi, « les demandeurs d’emploi qui ne démontreront pas une recherche active verront leurs allocations suspendues », a-t-il dit.

15 milliards pour les formations

Son propos aurait pu laisser penser qu’il s’agissait d’une nouveauté. Il n’en est rien. Au sein de Pôle emploi, il y a quelque 600 agents qui s’assurent que les chômeurs prennent des initiatives afin de décrocher un poste – ces derniers étant tenus de le faire lorsqu’ils s’inscrivent chez l’opérateur public. En 2019, environ 400 000 contrôles ont été réalisés ; 15 % d’entre eux ont débouché sur des sanctions plus ou moins sévères, l’allocation pouvant être supprimée pendant un à quatre mois, voire définitivement s’il y a une fraude.

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Le nombre de ces vérifications va être accru de 25 % durant les six prochains mois. C’est ce qu’a indiqué la ministre du travail, Elisabeth Borne, mercredi matin sur RTL. Le but est de voir si les individus visés « répond[ent] à des offres, se rend[ent] à des entretiens, participe[nt] à des sessions de recrutement ou sui[vent] les formations proposées ». « C’est bien normal », a-t-elle ajouté, en rappelant que, au début du quinquennat, le pouvoir en place a lancé un plan, financé à hauteur de 15 milliards d’euros, pour développer les compétences des demandeurs d’emploi.

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La décision du gouvernement « repose sur le présupposé que les chômeurs ne veulent pas travailler et qu’il faut les y forcer avec les sanctions et les baisses d’allocation », confie Denis Gravouil, en charge du dossier assurance-chômage à la CGT : « Nous y sommes bien sûr opposés. » « On stigmatise les demandeurs d’emploi, s’insurge Michel Beaugas, secrétaire confédéral à Force ouvrière. C’est le même discours que celui consistant à prétendre qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du boulot. Le président de la République cherche à élargir son spectre électoral. » Secrétaire confédéral à la CFTC, Eric Courpotin dénonce une forme de « populisme » : « Nous sommes entrés en campagne. » De son côté, Marylise Léon, la numéro deux de la CFDT, regrette que l’exécutif n’ait pas abordé la « question de la responsabilité des entreprises » dans ce débat qui englobe la thématique des offres d’emplois non pourvues : pour elle, les conditions de travail et les rémunérations sont une des principales données du problème.

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LJD

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