Médias : un climat social glacial au sein du Groupe Moniteur
L’ambiance n’était pas aux réjouissances, mercredi 10 novembre, au sein du groupe de presse spécialisée Moniteur. Le comité social et économique (CSE) extraordinaire, qui s’est tenu dans l’après-midi, s’est vu restituer un document intitulé « Expertise risque grave relative à la charge de travail et les risques psychosociaux », aux conclusions sévères, du cabinet Alterventions. Dans la foulée, les élus du CSE ont voté à l’unanimité une résolution demandant un « plan d’action » à la direction dans un délai d’un mois. Une journée aux allures de point d’orgue, après des mois de climat social tendu dans le « pôle construction », l’une des entités d’Infopro Digital.
Pour le plus important groupe français de presse professionnelle (Libre services actualités, L’Usine nouvelle, L’Argus de l’assurance, etc.), également connu pour son activité d’éditeur de logiciels et son expertise dans l’événementiel (Le Salon des maires), cette étude tombe à un moment charnière. Son propriétaire, le fonds Towerbrook, a décidé de se séparer des 74 % de parts qu’il possède, ainsi que l’ont révélé Stratégies et Les Echos, début octobre. La banque Morgan Stanley a été mandatée pour trouver un successeur à l’investisseur, revenu au capital de l’entreprise en 2016.
Présent dans l’automobile, la distribution ou l’assurance, le groupe se porte bien. A tel point que le fonds le valorise pour 2 milliards d’euros, contre 700 millions d’euros lors de son acquisition. Entre 2001, date de la création de la société, et 2019, le chiffre d’affaires est passé de 23 millions à 445 millions d’euros. « Avec un Ebitda [excédent brut d’exploitation] tombé à 110 millions d’euros en 2020, à cause de l’arrêt des salons et de la baisse des ventes de logiciels, cette valorisation nous paraît énorme », estime un journaliste de l’un des 30 titres d’Infopro Digital. « On pensait plutôt qu’une entrée en Bourse interviendrait bientôt, ajoute Jérôme Ribault, secrétaire du CSE et délégué syndical FO. On ne sait pas ce qui est le mieux, ou le pire, pour nous. »
Augmentation des licenciements et des démissions
Cette prospérité doit beaucoup à la politique d’acquisitions – notamment l’allemand Docu Group, les britanniques Haynes et Barbour ABI (annoncée le 2 novembre) –, mais aussi, toujours selon le document, à la santé des salariés du groupe Moniteur. Dans cette partie d’Infopro Digital, la croissance relèverait « d’une stratégie de maximisation financière assurée pour l’essentiel par la compression continue des moyens des entités acquises (baisse quasi permanente des effectifs, faibles investissements internes) ».
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