Les « nouveaux vulnérables », ces quatre millions de Français fragilisés par la crise
La France semble sortir de la pandémie et de ses conséquences économiques, la reprise de l’activité est vigoureuse, chômage et pauvreté reculent, le pouvoir d’achat s’améliore mais tous les Français ne sortent pas indemnes de ces deux ans de crise qui auraient fragilisé quatre millions d’entre eux.
C’est l’une des conclusions que tire le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) d’une enquête originale menée en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 3 202 personnes, du 4 au 21 mai, et à paraître mardi 12 octobre.
Avec le soutien financier de la Fondation Sanofi Espoir et en partenariat avec plusieurs associations, dont Emmaüs Convergence, et des chercheurs, le Crédoc a lancé l’Institut vulnérabilités et résiliences et dressé un premier état des lieux au sortir de la crise sanitaire, s’appuyant aussi sur ses enquêtes menées trois fois par an, depuis 1978, sur les conditions de vie des Français.
Selon l’étude à paraître, 31 % des personnes interrogées se sentent, aujourd’hui, en situation de vulnérabilité, soit 10 points de plus qu’en 2018, et le quart d’entre elles attribuent cette situation à la crise du Covid-19. En extrapolant ce résultat à l’ensemble de la population, ce sont donc 8 % des personnes de plus de 15 ans, soit quatre millions de Français, qui ont, ces deux dernières années, basculé dans une situation préoccupante à plusieurs titres (emploi, finance, santé, logement) aggravée par l’isolement.
La première manifestation est, bien sûr, professionnelle, avec 42 % de ces « nouveaux vulnérables », comme les désigne le Crédoc, pour qui l’accès à l’emploi est difficile : 34 % sont en contrat à durée déterminée, contre 16 % des non vulnérables, et 14 % sont au chômage, contre 6 % des autres. L’étude précise : « Ce sont des actifs jeunes, travaillant plutôt dans le privé (74 %) notamment les secteurs du commerce, de l’hébergement-restauration, des activités culturelles et des services aux ménages, peu diplômés puisqu’un sur deux n’a pas le baccalauréat et, le plus souvent, chargés de famille. Cette précarité concerne en majorité des Franciliens (21 %) et des habitants de villes de plus de 100 000 habitants (34 %). »
Précarité sanitaire
Parmi les autres enseignements de cette enquête : 61 % estiment que leur situation financière s’est dégradée à cause de la crise, contre 24 % en population générale, et cela en dépit des soutiens de l’Etat, par exemple au chômage partiel.
Cela se manifeste par la difficulté à payer ses factures, d’électricité (22 % contre 7 % pour les autres), d’abonnements téléphoniques et à Internet (20 % contre 5 %), d’honorer leur loyer ou de rembourser un emprunt immobilier (18 % contre 4 %), d’acquitter leurs impôts (18 %), leur assurance habitation ou véhicule (17 %), de régler les frais de scolarité (17 %).
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