Dans l’intérim, les incertitudes planent sur le passe sanitaire

« On peut demander aux candidats s’ils ont leur passe sanitaire, mais on n’a pas le droit de leur demander de nous le montrer, car il y aurait discrimination à l’embauche ! », se désole Gilles Cavallari, le président du réseau d’agences d’intérim Samsic Emploi. Dans les entreprises de travail temporaire (ETT), les esprits s’échauffent en voyant arriver l’échéance du 30 août. Sur les 2,7 millions d’intérimaires recensés annuellement par l’Observatoire de l’intérim et du recrutement, ce sont, à la louche, quelque 40 000 travailleurs dans l’hôtellerie, la restauration, la santé… qui doivent désormais être en possession d’un passe sanitaire pour exercer dans la plupart des établissements recevant du public.
Comment garantir à l’entreprise utilisatrice que l’intérimaire aura bien un passe valide ? Qui devra prendre en charge l’éventuel reclassement du salarié ? Que se passera-t-il quand les tests deviendront payants ? Dans les agences d’intérim, ces questions taraudent l’esprit des recruteurs. Si l’intérimaire n’est pas en mesure de présenter un passe valide au cours de sa mission, l’ETT risque de se retrouver en porte-à-faux face à l’entreprise utilisatrice.
Le cadre juridique incertain qui entoure la situation des intérimaires concernés par cette obligation est une « source possible de contentieux, confirme Sahra Cheriti, avocate spécialisée en droit social, associée au sein du cabinet Aguera Avocats. L’entreprise de travail temporaire a le devoir d’informer l’intérimaire de cette obligation, mais ne peut demander au candidat de montrer son passe sanitaire lors du recrutement. C’est seulement au cours de sa mission que l’entreprise utilisatrice peut – et doit – s’assurer que l’intérimaire a bien son passe ».
« Pour le moment, nous n’avons pas de difficultés particulières, d’arrêts de collaborateurs ou quoi que ce soit », tempère Roland Gomez, le directeur général de la société d’intérim Proman. Du côté des intérimaires, la nécessité d’avoir un passe sanitaire pour travailler dans des établissements recevant du public semble bien assimilée. « Dans la grande majorité, les gens ont conscience de cette nouvelle obligation, même si on a quelques réfractaires », confirme Alexandre Pham, cofondateur de la société d’intérim Mistertemp’group.
« Partie émergée de l’iceberg »
Ses équipes ont dû gérer quelques cas d’intérimaires « antivax », œuvrant dans le secteur du paramédical. Mais le caractère temporaire des contrats d’intérim a fait que cette situation s’est résolue d’elle-même. « Les contrats dans ce secteur se faisant généralement à la journée, ces intérimaires ont choisi de ne pas le renouveler », indique Alexandre Pham.
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