Dans les entreprises, la délicate mise en place des nouvelles règles de télétravail

En 2020, après des mois de télétravail obligatoire, confinée dans son appartement parisien avec ses deux jeunes enfants, Christine (le prénom a été modifié) a pris une décision radicale : partir vivre sur la côte normande, dans une maison qui offrirait à sa progéniture espace, jeux dans le jardin et air marin à profusion. Onze mois après son déménagement, ce scénario idéal se heurte à une nouvelle réalité.
En effet, son employeur lui demande de revenir au bureau, au cœur de Paris, deux jours par semaine. « Deux heures de train matin et soir, plus les transferts de la gare à la maison, cela fait cinq heures de transport par jour, calcule Christine. Pour moi, ce n’est pas jouable. » Les discussions avec son employeur sont en cours, mais elle n’exclut pas, si celles-ci devaient échouer, un divorce à l’amiable.
« Le sujet que l’on voit poindre en cette rentrée dans les entreprises, c’est celui de la mise en place des nouvelles règles de télétravail, qui était en quelque sorte “en open bar” jusqu’à présent, confirme Benoît Serre, vice-président national délégué de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines. Cela va demander beaucoup de capacités d’adaptation, sans compter les problèmes de cohésion interne dans les entreprises, lorsqu’un manageur se montrera plus souple qu’un autre. »
Question de l’indemnisation des frais de transport
Certes, pour environ un tiers des salariés, exercer son activité de chez soi s’est traduit par une dégradation des conditions de travail, qu’il s’agisse d’un manque de place, d’un environnement bruyant ou de l’obligation de concilier tâches ménagères et missions professionnelles. Mais pour les deux tiers restant, l’opération semble avoir été plutôt gagnante. Convaincre ces employés d’abandonner le confort de leur séjour ou de leur résidence secondaire pour retrouver les charmes de l’open space ne sera pas aisé. Cela risque d’être encore plus complexe pour ceux qui, à l’instar de Christine, se sont éloignés géographiquement. Un phénomène qui concerne davantage l’Ile-de-France ainsi que les grandes villes, et qui pourrait perdurer.
Selon une étude menée par Cadremploi, et publiée mercredi 25 août, 38 % des cadres franciliens envisageraient de faire des allers-retours entre Paris et la province pour aller travailler. « Nous avons tous, dans nos entreprises, quelques salariés qui se sont installés loin de Paris, confie Sabine Parisis, DRH du groupe Effy, spécialisé dans la rénovation énergétique. Ce n’est pas la majorité, certes, mais ceux-là seront difficiles à mobiliser. » La question de l’indemnisation de leurs frais de transport peut également se poser.
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