Passe sanitaire : les risques de tension avec les usagers pèsent sur le moral des vigiles

Le moral des troupes dégringole. Des agents privés de sécurité contrôlent déjà les passes sanitaires à l’entrée de lieux de culture ou de loisirs accueillant au moins 50 personnes, comme les piscines ou les cinémas. Mais avec l’extension, depuis le 9 août, de l’application du sésame aux entrées des bars, restaurants, hôpitaux – sauf en cas d’urgence –, gares, aéroports, etc., voire aux centres commerciaux sur décision du préfet, s’ouvre une période pleine d’ « inquiétude » pour ces personnels, selon Djamel Benotmane, délégué syndical CGT chez Fiducial Private Security, qui dit recevoir « beaucoup d’appels de salariés ».
Les craintes portent notamment sur le risque de conflit avec les usagers que les agents sont amenés à contrôler. Selon le groupement des entreprises de sécurité, dans les lieux touristiques à Paris, par exemple, où le contrôle du passe a débuté le 21 juillet, cela s’est déroulé « plutôt bien entre les clients et les agents de sécurité ».
Mais comment les agents de sécurité doivent-ils réagir « si l’usager n’a pas de passe ?, s’interroge M. Benotmane. Il risque de se produire un conflit, mais nous, nous n’avons pas le droit d’entrer dans un conflit ». Pourront-ils les éviter ? « Nous n’avons pas de formation en gestion de conflit, soulève Daniel Peltier, secrétaire général du syndicat CFTC des employés de la prévention sécurité. Les agents attendent des consignes sur la conduite à tenir. C’est déjà compliqué parfois de faire respecter le port du masque. C’est pourquoi il y a actuellement beaucoup de démissions. »
« Faire appel aux forces de l’ordre »
Eviter le conflit est impératif : « Nous sommes détenteurs d’une carte professionnelle renouvelable tous les cinq ans, précise Elhadji Niang, chargé de la branche prévention sécurité à la CGT. En cas d’altercation, s’il y a une plainte par exemple, votre carte professionnelle est gelée jusqu’à ce que l’affaire soit réglée. » Sans carte, pas de travail.
Pour M. Peltier, « la meilleure solution, en cas de conflit, c’est d’exercer son droit de retrait ou de faire appel aux forces de l’ordre ». « Une partie de la population est réticente au passe sanitaire, renchérit Alain Bouteloux, secrétaire fédéral FO chargé de la sécurité privée. Les agents de sécurité vont prendre ces rejets en pleine face. » En Normandie, au Mémorial de Caen, « des personnes à l’accueil qui demandaient leurs passes à des visiteurs se sont fait traiter de collabos », souligne M. Peltier. Il déplore « la mise en place de décisions rapides, sans concertation avec la branche, alors que l’on aurait pu expliquer au ministère de l’intérieur quelles sont les difficultés sur le terrain ».
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