La reprise après le Covid-19 : une équation à plusieurs inconnues
Indéniablement, « il y a de l’envie », comme le souligne Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. De l’envie de prendre son café en terrasse, de retourner au cinéma ou au musée, de faire du shopping ou de partir en week-end à l’autre bout de la France, voire en Grèce ou au Portugal. « L’économie française va se redresser », a déclaré, mardi 18 mai, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, en visite chez un restaurateur parisien, assurant que « nous retrouverons le niveau d’activité d’avant-crise au premier semestre, voire au premier trimestre 2022 ». Pour Bercy, l’économie française, qui a enregistré une croissance de 0,4 % au premier trimestre de cette année, est en mesure d’atteindre l’objectif de croissance de 5 % fixé pour 2021.
Certains indicateurs conjoncturels, en effet, sont bien orientés en cette sortie de confinement et plaident pour un rebond rapide. Paradoxalement, les entreprises se portent plutôt bien. Les investissements se sont maintenus à un niveau plus que robuste au regard de l’ampleur de la crise, la trésorerie est abondante grâce aux aides de l’Etat. Le moral des industriels est remonté en avril, et il est désormais supérieur à sa moyenne de longue période, selon l’institut Rexecode. Par ailleurs, la forte reprise en Asie et les différents plans de relance, notamment aux Etats-Unis, tirent la demande à l’échelle mondiale.
Prudence
Mais d’autres indices incitent à une certaine prudence sur le profil de la reprise. Personne, en particulier, ne parie sur un rebond aussi vigoureux de l’activité qu’au troisième trimestre 2020, lorsque le PIB avait progressé de 18,5 %. « Nous tablons, à l’OFCE [Observatoire français des conjonctures économiques], sur une fourchette très large pour la reprise », admet Mathieu Plane, économiste au sein de l’organisme. La clé ? Ce sont les ménages qui la détiennent. Dans quelle mesure vont-ils desserrer les cordons de la bourse et faire repartir les secteurs en berne, comme l’habillement, la restauration, les loisirs ou le tourisme ? Vont-ils puiser dans l’énorme bas de laine accumulé pendant les mois de confinement – environ 160 milliards économisés sur les deux années, 2020 et 2021, un chiffre inédit dans l’histoire économique – pour rattraper le temps perdu ?
Rien n’est moins sûr, répond Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management. « Ce que l’on constate, c’est que les ménages n’ont pas une folle envie de consommer : ils nourrissent toujours beaucoup d’inquiétudes sur ce qui va se passer à moyen terme et restent très prudents dans leurs comportements. » Le décryptage de la croissance au premier trimestre en atteste : les ménages ont épargné de plus belle et la consommation n’a pas redémarré. « Le besoin de précaution reste extrêmement présent », confirme Alain Tourdjman, directeur études et prospective du Groupe BPCE.
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