Réforme de l’assurance-chômage : « Face à la précarisation des saisonniers du spectacle, nos remerciements ne suffiront pas… »
Tribune. Tout en préparant l’été culturel, nous craignons, dans le même temps, la réforme de l’assurance-chômage, dont le second volet, applicable au 1er juillet 2021, va avoir un impact négatif immédiat sur de nombreuses personnes, dont les travailleurs en contrat court, et plus particulièrement les saisonniers. Notre filière du spectacle en parle peu et, pourtant, que serions-nous sans eux ?
Assistants à la communication, personnels d’accueil, de billetterie, techniciens informatiques, métiers de la convivialité, chauffeurs, gardiens, standardistes, agents d’entretien, renforts administratifs… Un nombre important de ces salariés en contrat saisonnier reviennent depuis plusieurs années, dans une fidélité réciproque. Le Festival d’Avignon les a formés, ils acceptent l’incertitude de leurs emplois pour retrouver les professionnels et les festivaliers au moment où l’on a besoin d’eux, ils participent ainsi au plaisir des spectateurs, au service public de la culture, à la réussite économique de toute une filière, ils sont acteurs et actrices d’une mission d’intérêt général. Nos remerciements risquent de ne pas suffire face à la précarisation annoncée.
Depuis l’entrée en vigueur du premier volet de la réforme, ces salariés flexibles ont déjà été fragilisés par le durcissement des conditions de rechargement des droits. Avant novembre 2019, un demandeur d’emploi en cours d’indemnisation qui reprenait une activité pendant au moins un mois pouvait prolonger ses droits à l’assurance-chômage pour une durée équivalente. Depuis la mise en œuvre du premier volet de la réforme, il lui faut au moins six mois pour les recharger.
Le second volet entrera en application en juillet. A compter de cette date, les indemnités journalières seront calculées sur la base du revenu mensuel moyen, en tenant compte des jours d’inactivité (moins bien rémunérés), et non plus sur la base des seuls jours travaillés. Ce mode de calcul, qui fera automatiquement diminuer le montant de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE), ajouté au durcissement des règles d’indemnisation, va lourdement pénaliser des salariés saisonniers qui alternent contrat court et période d’inactivité.
Coût social calamiteux
Ainsi, les contrats courts désavantagent ces demandeurs d’emploi, alors même que ceux-ci n’ont pas le choix de la durée des contrats auxquels ils peuvent accéder. Comme leur nom l’indique, le recours à cette typologie de salariés répond à un besoin induit par la saisonnalité de l’activité, qu’il s’agisse du tourisme, de la restauration, de l’agriculture ou des festivals.
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