Assurance-chômage : les syndicats peu emballés par le « big-bang » du Medef
Un « big bang ». C’est ainsi que Geoffroy Roux de Bézieux a qualifié, jeudi 6 mai, sa proposition pour refonder la gouvernance et le financement de l’assurance-chômage. Lors d’une renconte en visioconférence avec l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS), le président du Medef a mis sur la table un schéma en « trois blocs » afin de revenir à un dispositif où « chacun a sa responsabilité ». Une initiative qui ne doit rien au hasard : elle intervient quelques jours avant le lancement d’une concertation sur le sujet entre le ministère du travail et les partenaires sociaux. Pour l’heure, aucune date n’est fixée. « Nous, on est prêts (…). Du coup, on s’est dit : “On va mettre ça dans l’atmosphère, pour démarrer le débat” », a expliqué M. Roux de Bézieux.
Pour le numéro un du Medef, le régime, géré depuis le début de la Ve République par les syndicats et par le patronat au sein de l’Unédic, « ne fonctionne plus » : il est devenu « hybride et déresponsabilisant ». Sous l’effet de réformes gouvernementales engagées en 2008 et durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, les pouvoirs publics s’immiscent de plus en plus dans le pilotage et la définition des règles du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi, au point que celui-ci est de moins en moins paritaire.
En outre, a souligné M. Roux de Bézieux, l’assurance-chômage « n’a fait qu’accumuler de la dette » au cours des douze dernières années : elle devrait s’élever à 64 milliards d’euros fin 2021, du fait notamment des dépenses massives liées au chômage partiel que l’Unédic couvre en partie depuis le début de la crise sanitaire.
« Règle d’or » budgétaire
Aujourd’hui, le Medef entend sortir d’une situation ambiguë « où l’Etat décide mais fait semblant de demander leur avis aux partenaires sociaux ». Dans cette optique, il a donc imaginé une organisation qui comprendrait « un régime de solidarité géré et financé par l’Etat, un régime assurantiel géré et financé par les partenaires sociaux et un service public de l’emploi géré et financé par l’Etat ». M. Roux de Bézieux avait déjà fait cette proposition, en 2018, dans une interview aux Echos : à l’époque, il avait aussi évoqué l’hypothèse d’un compartiment « supplémentaire pour les indépendants et les chefs d’entreprise qui ne sont pas assurés aujourd’hui par les cotisations ». Des idées similaires avaient, par ailleurs, été développées par sa prédécesseure, Laurence Parisot, en 2007.
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