Les 20 % de la population qui influencent le monde

Les 20 % de la population qui influencent le monde

Le livre. Voilà une loi aussi implacable que jamais affichée, dont on décèle l’empreinte partout : l’emploi que vous occupez, vos revenus, votre lieu de résidence, votre espérance de vie en bonne santé, votre opinion sur l’immigration, ou les séries et films que vous regardez dépendent, au moins en grande partie, des études que vous avez suivies.

« Les recompositions autour de l’éducation offrent probablement l’angle d’observation le plus pertinent pour comprendre les sociétés contemporaines, en déceler les disparités et les antagonismes, saisir les racines du populisme et décrypter la rancœur populaire contre le monde d’en-haut », affirment Monique Dagnaud et Jean-Laurent Cassely dans Génération surdiplômée (Odile Jacob).

« Génération surdiplômée. Les 20% qui transforment la France », de Monique Dagnaud et Jean-Laurent Cassely. Editions Odile Jacob, 304 pages, 22,90 euros.

Alors que la critique des 1 % les plus riches galvanise le sentiment d’injustice, au point qu’elle est en passe de devenir un poncif inoffensif à force d’être employé à tort et à travers, selon la sociologue et le journaliste, leur ouvrage est consacré aux « 20 % » : une classe privilégiée composée de diplômés de niveau bac +5, dont les effectifs représentent environ 20 % d’une génération.

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Quel que soit le nom dont on l’affuble – « new class » ou « professional managerial class » dans les écrits universitaires nord-américains, bobos, catégories supérieures ou CSP+ dans les tribunes des médias –, cette population envahit l’espace public et entend imposer sa philosophie au monde. Elle lance des start-up, innove à coups d’algorithmes et de nouveaux modèles managériaux, « disrupte » à tout-va.

Enquête de terrain

Elle fournit aussi un modèle bien plus désirable et puissant que celui, à la limite de la vulgarité, des fortunés « 1 % ». « Ce qui fait rêver, ou du moins ce qui fournit un modèle, ce n’est pas la vie des super riches, mais celle des habitants éduqués et mobiles des grandes villes, qui s’expriment partout et qui recèlent une position d’autorité car leurs conditions de vie et de travail semblent infiniment plus épanouissantes et intellectuellement gratifiantes que la moyenne. »

En s’appuyant sur une enquête de terrain et de nombreux entretiens avec de jeunes actifs, l’ouvrage place sa focale non pas sur l’élite traditionnelle, aux traits maintes fois étudiés, mais sur la faune des nouveaux métiers, du consultant en innovation financière de La Défense qui réside au Vésinet au data scientist du Grand Lyon. Les 20 % forment « un archipel composé d’îlots relativement distincts plutôt qu’une île d’un seul bloc ».

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LJD

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