Emploi et handicap : Eléonore Laloux s’engage en politique
Pantalon rose, barrettes à fleurs et lunettes multicolores : Eléonore Laloux est un arc-en-ciel qui irradie. « Il faut po-si-ti-ver ! » lance la jeune femme de 35 ans dans un grand éclat de rire. Dans sa ville natale d’Arras, son visage est connu d’une grande partie de la population. A 4 ans déjà, sa bouille s’affichait sur les panneaux publicitaires de la ville pour souhaiter la bonne année aux habitants. Une initiative de ses parents, convaincus qu’il faut « montrer que le handicap fait partie de la vie », précise son père, Emmanuel Laloux.
Le combat mené pour l’inclusion par Emmanuel et son épouse Maryse coule dans les gènes de leur fille. En 2010, Eléonore publiait, en collaboration avec Yann Barte, le roman de sa vie sous le titre Triso et alors ! (Max Milo). De ses premiers jours difficiles (atteinte d’une cardiopathie, elle n’avait que deux ou trois semaines à vivre d’après les médecins) à ses trois opérations du cœur, en passant par ses peines et ses joies d’ado puis d’adulte, l’Arrageoise n’a cessé de garder un regard positif sur la vie. « Nous avons perdu un enfant entre notre fils aîné et Eléonore, confie Emmanuel Laloux. A sa naissance, nous étions heureux de la voir arriver. C’est une enfant comme les autres, mais on a dû lutter pour qu’elle ne soit pas orientée en établissement spécialisé et qu’elle puisse suivre comme ses camarades un parcours classique. »
Pour expliquer sa maladie génétique rare, Eléonore aime raconter qu’elle possède en plus « un chromosome du bonheur, car les personnes atteintes de trisomie 21 ont des potions d’amour ». Autonome au quotidien, elle explique sa différence par « des yeux obliques », des gestes parasites comme « se frotter les mains » quand elle est contente et des difficultés à comprendre son interlocuteur quand il s’exprime trop vite.
« Une personnalité locale »
Grâce à son entourage familial, Eléonore a décroché une formation en bureautique. Depuis 2006, elle est agent administratif au service facturation d’un hôpital privé. C’est à la clinique Bon Secours d’Arras qu’elle a commencé à travailler. « C’est aussi là que je suis née et que je vis ! » lance-t-elle. L’ancien hôpital d’Arras a en effet été rénové et transformé en immeuble de logements inclusifs où se mêlent personnes âgées, familles et dix jeunes adultes atteints de trisomie 21. « C’est le premier habitat inclusif de France qui accueille en appartement des jeunes adultes autonomes avec une trisomie, souligne Emmanuel Laloux, président de l’association Down Up. L’association a créé ici un tiers-lieu de services pour les personnes fragilisées. Il faut constamment lutter pour l’inclusion et contre la stigmatisation. »
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