Covid-19 : la logistique, un secteur devenu incontournable

Covid-19 : la logistique, un secteur devenu incontournable

Le groupe Deutsche Post DHL, leader mondial du colis, a enregistré un chiffre d’affaires pour 2020 de 67 milliards d’euros, en hausse de 5,5 %.

Des lots de masques négociés au plus haut niveau gouvernemental et jusque dans la soute des avions-cargos, des restaurants fermés partout, mais ouverts pour les chauffeurs routiers, des ministres qui se mettent à s’occuper des conditions de travail et d’accueil dans les entrepôts… C’était au printemps 2020, lors du premier confinement, en France. La fonction essentielle de la chaîne d’approvisionnement, ligne de vie d’une nation soudain pétrifiée, est alors apparue de manière éclatante.

Le secteur logistique – peu considéré, sorte d’arrière-cuisine de la mondialisation – a donc pris depuis un an une dimension nouvelle. Et ce nouveau statut est fortifié en ce mois de mars 2021, alors que la France remet sous cloche un tiers de sa population et que l’opération vaccination mondiale, qui nécessite un effort logistique important, est devenue cruciale.

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« La crise a révélé l’importance de la “supply chain” pour l’économie et la société, confirme Guillaume Péard, président pour la France et le Maghreb du géant germano-suisse de la logistique Kühne + Nagel. On s’est rendu compte de l’importance du travail des conducteurs, des livreurs, des caristes. Eux aussi faisaient partie de ces salariés-combattants de la deuxième ligne, venant juste après les soignants dans la lutte contre le virus. »

« Au printemps [2020], nos équipes ont rapporté en France 1 milliard de masques par voie aérienne, 1,2 milliard par voie maritime, se remémore de son côté Marie-Christine Lombard, présidente du directoire de Geodis (filiale de la SNCF), le premier logisticien français. On a affrété en urgence des avions-cargos face à la disparition des avions de passagers et de leurs soutes indispensables pour le fret. Dans ce contexte, la compétence d’un logisticien professionnel est la clé pour faire face à un bouleversement aussi brutal, à une telle “disruption”. »

« Dépendance excessive à certains pays »

Au-delà du choc du moment, la montée en puissance stratégique du secteur logistique se confirme durablement. Cela pourrait même s’apparenter à une microrévolution. « Tout est rebalayé, analyse Mme Lombard. La crise a mis en évidence des risques mal identifiés jusqu’ici, dont celui d’une dépendance excessive à certains pays – singulièrement la Chine – et à certains produits. Chez nos clients, le sujet de la chaîne d’approvisionnement va remonter de plusieurs crans, jusqu’aux conseils d’administration. » Parallèlement, la crise a été l’occasion de repenser un modèle de logistique reposant sur le seul flux tendu et le juste-à-temps. « Les entreprises ont cartographié leurs chaînes d’approvisionnement en allant bien au-delà de leurs fournisseurs, et repensent leurs chaînes de valeur pour qu’elles résistent aux chocs », observe Maxime Lemerle, directeur des recherches sectorielles de la société d’assurance-crédit Euler Hermes.

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