Les caisses de retraite complémentaire du privé replongent dans le rouge

Le retour à meilleure fortune aura été de courte durée. Sous l’effet de la récession en cours, les caisses de retraite complémentaires du privé Agirc-Arrco ont replongé dans le rouge en 2020, d’après des données quasi définitives rendues publiques mardi 16 mars : le déficit a atteint six milliards d’euros, si on raisonne en termes de « résultat technique », c’est-à-dire en calculant la différence entre les recettes et les charges. La performance s’avère moins mauvaise, si les produits financiers engrangés durant l’année écoulée sont pris en considération : – 4,8 milliards d’euros, ce montant correspondant au « résultat global ». Autant de chiffres synonymes de rechute : en 2019, l’Agirc-Arrco avait mis fin à une décennie d’exercices en déséquilibre avec un « résultat technique » positif de 200 millions – le « résultat global », lui, s’élevant à un milliard.
La brutale dégradation des comptes en 2020 ne représente nullement une surprise. Au printemps de l’année dernière, des administrateurs du régime, copiloté par le patronat et par les syndicats, s’attendaient même à des pertes encore plus lourdes. La situation s’explique, comme pour d’autres organismes de protection sociale, par une forte diminution des recettes : – 4,7 % l’an passé. De nombreuses entreprises ont pu reporter le paiement de leurs cotisations afin de soulager leur trésorerie. Mais c’est surtout le recours massif au chômage partiel qui a privé l’Agirc-Arrco d’une partie substantielle de ses ressources : l’indemnité perçue par les salariés ayant stoppé leur activité est exempte de contributions pour les caisses de retraite.
Pour colmater le trou, le régime a pioché dans ses abondantes réserves financières, constituées d’obligations et d’actions. Une fois cette opération effectuée, il dispose encore d’un matelas confortable : quelque 61 milliards d’euros, « en valeur de marché » à la fin 2020, ce qui équivaut à neuf mois de pensions versées aux treize millions de retraités relevant du dispositif.
« Un matelas de sécurité »
« Malgré une crise historique, le déficit est maîtrisé », a assuré Didier Weckner, le président (Medef) de l’Agirc-Arrco, lors d’une conférence de presse, mardi. D’après lui, le système, « que les partenaires sociaux ont construit », demeure « solide ».
Les déséquilibres financiers risquent toutefois de perdurer, contraignant l’Agirc-Arrco à puiser à nouveau dans ses réserves. Or, celles-ci doivent représenter au moins six mois de prestations sur un horizon de quinze années, conformément à une règle arrêtée par le patronat et par les syndicats. Ce « ratio de sécurité » pourrait être atteint en 2026, obligeant les gestionnaires du système à prendre des mesures pour stopper le dépérissement du « magot ».
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