Touché par le Covid-19, le marché de la bière s’émousse
Une période de frugalité. Dolf van den Brink, patron du brasseur néerlandais Heineken, annonçait la couleur à l’automne 2020, suggérant un tour de vis à venir. Le couperet est tombé, mercredi 10 février, lors de la publication des résultats annuels du groupe, connu pour ses marques Heineken, Desperados, Affligem ou Fischer. Il s’apprête à supprimer 8 000 emplois dans le monde, soit près de 10 % de ses effectifs. La France n’est pas épargnée, puisque 85 postes devraient aussi disparaître.
M. van den Brink a repris les rênes du numéro deux mondial de la bière en juin 2020, en pleine crise due au Covid-19. Depuis mars 2020, le brasseur est secoué par les fermetures des bars et restaurants, mais aussi par les suppressions des festivals, l’annulation des événements sportifs et une activité touristique moindre – lieux et moments où la boisson fermentée coule à flots. Au point que ses comptes ont viré au rouge au premier semestre.
Il n’est pas seul à être pénalisé par la pandémie. Son concurrent, le Danois Carlsberg, propriétaire de Kronenbourg en France, a annoncé, il y a une semaine, un repli de son chiffre d’affaires de 11 % pour son exercice fiscal 2020. Mais son bénéfice net n’a reculé que de 8 %, à 6 milliards de couronnes (environ 807 millions d’euros), quand celui du Néerlandais chutait de 49 %, à 1,154 milliard d’euros, avant la prise en compte des éléments exceptionnels. En tenant compte des dépréciations d’actifs, par exemple la marque Lagunitas, Heineken affiche une perte de 204 millions d’euros. Son chiffre d’affaires décroît, lui, de 11,9 % à taux de change et périmètre constants, pour atteindre 19,79 milliards d’euros.
Heineken est beaucoup plus dépendant des cafés et restaurants, canaux de distribution très lucratifs. Le cas du marché français l’illustre parfaitement. Dans l’Hexagone, il possède une filiale baptisée France Boissons, chargée de distribuer bouteilles et fûts dans la restauration. Elle pèse près de la moitié de son chiffre d’affaires, et plus encore en termes de profit. Globalement, selon Brasseurs de France, 65 % des volumes de bière sont écoulés en grande distribution et 20 % dans les bars et restaurants, le solde irriguant les concerts et autres événements.
Restructurer l’activité
Même si les ventes en grande distribution ont progressé de 8 % à 9 % en 2020, les « apéros zoom » des confinés n’ont pas permis de compenser le reflux de près de la moitié des demis consommés au « zinc ». La rentabilité s’est dégradée. D’autant que, comme le met en exergue Heineken, « la déflation structurelle d’année en année en grande distribution et l’augmentation significative des coûts impactent fortement les marges ».
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