Le management « libéré » de Chronoflex sort renforcé de la crise
« Et si, du jour au lendemain, nous perdions 70 % de notre activité, et si une crise majeure arrivait subitement ? » C’est en ces termes prémonitoires qu’Alexandre Gérard, PDG de Chronoflex, entreprise de dépannage de flexibles hydrauliques implantée en Loire-Atlantique, s’est adressé à ses équipes, il y a cinq ans. « J’ai eu la conviction que c’était quelque chose qui pouvait arriver, donc j’ai partagé mes inquiétudes. »
Car dans les entreprises « libérées », il est d’usage de poser sans tabou les questions qui dérangent, afin que tout le monde puisse proposer des réponses. Dans les locaux de Saint-Herblain, près de Nantes, les quatre axes du management libéré s’affichent fièrement sur les murs : « La performance par le bonheur, cultiver l’amour du client, équipe respectueuse et responsable, ouverture d’esprit et esprit d’ouverture. »
Popularisée par le patron picard Jean-François Zobrist et théorisée par le professeur Isaac Getz, l’entreprise libérée développe une philosophie coconstruite sur la confiance et la transparence pour garantir les résultats de l’entreprise. Une approche découverte par de nombreuses entreprises dans le contexte Covid, forcées de faire confiance à leurs équipes, mises en télétravail du jour au lendemain. La crise sanitaire aura-t-elle renforcé le modèle d’entreprise libérée ?
Facilité la réactivité
C’est dans un contexte de crise, en 2010, qu’Alexandre Gérard a adhéré à cette manière de voir. Son postulat : pour que la productivité soit meilleure, il suffit que les salariés – ou, comme on aime à dire chez Chronoflex, les équipiers – se sentent engagés dans leur travail et responsables. Il leur laisse alors une autonomie quasi totale, et Chronoflex se libère officiellement en 2012. Dès lors, plus de chefs ni de hiérarchie : 49 équipes autonomes (16 au siège et 33 sur le terrain), qui fonctionnent comme elles l’entendent et gèrent leur recrutement, leur communication ou encore leur sécurité.
Tout allait pour le mieux pour les 420 salariés (dont 270 techniciens) du leader national du dépannage. Mais, dix ans plus tard, en mars 2020, le Covid a tout bloqué : le groupe perd subitement 80 % de son activité à l’annonce du confinement.
Le modèle d’entreprise libérée a facilité la réactivité. Alors que le confinement a pris de court le management de nombreuses entreprises « classiques », « il a fallu un peu moins de deux heures pour que tout le monde bascule », se souvient Alexandre Gérard. Car le télétravail était déjà dans les mœurs depuis « sept ou huit ans ».
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