Menaces d’« un mouvement de grève dur et long » dans les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et d’Orly
C’est une difficulté supplémentaire dont les compagnies aériennes se seraient bien passées. En sus de la baisse drastique du trafic pour cause de pandémie de Covid-19, le transport aérien pourrait bientôt avoir à endurer une grève des personnels d’aéroports. La CGT, qui pourrait être suivie par d’autres syndicats de Groupe ADP, gestionnaire des aéroports parisiens de Roissy-Charles-de-Gaulle et d’Orly, menace d’appeler, dans les prochains jours, les salariés « à un mouvement de grève dur et long ».
Pour le syndicat, c’est la volonté de la direction de réduire les rémunérations des personnels d’ADP qui a mis le feu aux poudres. Selon la CGT, elle voudrait obtenir une baisse des salaires de 8 %. Pas d’accord, rétorque le syndicat, qui, avec la CGC, estime au contraire que leurs salaires pourraient être amputés « de 10 % à 15 % », précise Daniel Bertone, secrétaire général de la CGT chez ADP.
Au Monde, la direction d’ADP dément toute velléité de diminuer les salaires. « Nous proposons essentiellement trois mesures, explique Augustin de Romanet, PDG d’ADP : la réduction de 10 % du 13e mois, le gel du 14e mois et une réduction de l’indemnité kilométrique de transport. » Il faut dire que le gestionnaire d’aéroports est durablement et profondément affecté par la crise. « L’entreprise serait même dans une situation d’extrême fragilité », prévient le PDG. En 2020, le trafic passagers s’est effondré, avec seulement 33,1 millions de voyageurs à Roissy et à Orly, contre 108 millions en 2019. L’hémorragie du nombre de touristes a entraîné l’effondrement des revenus de Groupe ADP.
Parvenir à 100 millions d’euros d’économies
L’absence de passagers chinois, les plus dépensiers dans les boutiques des aéroports avec un panier moyen de plus de 100 euros, a été notamment préjudiciable aux recettes commerciales d’ADP. Le montant des pertes cumulées en 2020 pourrait s’établir à plus de 1,1 milliard d’euros, tandis que le chiffre d’affaires, en recul de moitié, ne devrait pas dépasser 2,1 milliards d’euros. La tendance observée fin 2020 n’a pas dû rassurer la direction. En décembre, Roissy et Orly n’ont accueilli que 2 millions de passagers, soit un recul de 75,7 % par rapport à décembre 2019.
C’est la raison pour laquelle le groupe cherche à réduire les coûts et à tailler dans ses effectifs. A l’occasion d’une réunion, jeudi 21 janvier, du comité social et économique (CSE), la direction a confirmé sa volonté de parvenir à 100 millions d’euros d’économies. Un accord de rupture conventionnelle collective (RCC) a déjà été négocié en 2020. Il porte sur un plancher de 700 départs volontaires et un plafond de 1 150, et devrait être largement souscrit, indique M. Bertone. Selon la CGT, avec plus de 1 400 candidats, ils seront « plus proches du haut que du bas de la fourchette ». Avec cette coupe claire, la direction voudrait réaliser un gain de « 30 millions d’euros par an sur la masse salariale », précise le syndicat.
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