Marie-Jo Zimmermann : « Les quotas de femmes dans les conseils d’administration ont transformé la gouvernance des entreprises »
Elle est à l’origine du texte portant son nom, la loi Copé-Zimmermann, qui fêtera ses 10 ans le 27 janvier. Pour féminiser les conseils d’administration des grands groupes, à l’époque chasse gardée des hommes, celle-ci instaura un quota de 40 % de femmes à atteindre au 1er janvier 2017. Marie-Jo Zimmermann, ancienne députée de Moselle (1998 à 2017, à l’époque UMP), revient sur sa création, et sur le travail qu’il reste à faire pour améliorer la représentation des femmes à la tête des entreprises. Mais aussi pour limiter les freins auxquels elles font face dès le début de leur carrière.
Pourquoi, il y a dix ans, avoir choisi d’agir au niveau des conseils d’administration des entreprises ?
En 2001, la députée socialiste Catherine Génisson avait porté la loi relative à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, complétant celle de 1983, et encourageant à des mesures de rattrapage au sein des entreprises. Ce fut une loi importante, mais nous avons constaté qu’elle était difficile à faire appliquer, car la volonté politique était absente. A partir de là, au sein de la Délégation aux droits des femmes dont j’étais présidente, j’ai ciblé les conseils d’administration (CA), en espérant insuffler un changement par le haut, qui pourrait se diffuser à d’autres échelons de l’entreprise.
« Le CA est le cœur battant de l’entreprise, le point névralgique où les grandes orientations sont prises : il est essentiel d’avoir de la mixité en son sein »
Le CA est le cœur battant de l’entreprise, le point névralgique où les grandes orientations sont prises : il est essentiel d’avoir de la mixité en son sein. A l’époque, en 2011, les femmes représentaient moins de 10 % des membres de ceux des grandes entreprises. Pour être efficace, le seuil à atteindre au 1er janvier 2017 a été fixé à 40 % pour les sociétés cotées et les entreprises de plus de 500 salariés, avec un point d’étape de 20 % en 2014. Ce quota a ensuite été étendu aux entreprises de plus de 250 salariés, pour un objectif de 40 % au 1er janvier 2020.
Vous êtes-vous inspirée d’un exemple étranger ?
Oui, de la Norvège, qui fut le premier pays à instaurer un quota de 40 %, en 2003. J’étais allée voir le ministre à l’origine de cette loi, Ansgar Gabrielsen. Il m’avait conseillé le pourcentage de 40 %, plutôt que 50 %, car plus souple à appliquer. Angela Merkel, la chancelière allemande, l’avait également sollicité pour réfléchir sur le sujet. Mais finalement, nous avons légiféré avant l’Allemagne.
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