La Deutsche Bank demande plus d’Etat
On ne l’attendait pas dans ce débat, mais son avis pourrait considérablement influencer les débats à venir sur la transformation de l’économie allemande. Deutsche Bank, la première banque du pays, plus connue ces dernières années pour ses scandales à répétition et ses plans de restructuration, recommande de prolonger les dispositifs d’aide publics aux entreprises expérimentés pendant la pandémie de Covid-19 pour améliorer le financement des technologies de rupture, de la numérisation et de la décarbonation de l’économie.
Sur le fond, la Deutsche Bank pose un constat largement partagé par les acteurs publics et privés de l’économie : contrairement aux Etats-Unis et à la Chine, les entreprises allemandes de taille moyenne parviennent difficilement à mobiliser des quantités de capital suffisantes pour financer les investissements les plus risqués. Outre-Atlantique, cette mission est assurée par les fonds de pension ou les grands investisseurs. En Chine, c’est l’Etat ou les institutions financières proches de lui qui s’en chargent. En Allemagne, les entreprises de taille moyenne – le fameux Mittelstand – se financent traditionnellement par les banques, qui ne peuvent, elles, assumer ce risque, car le rendement de ces investissements est trop lointain, ou trop incertain.
Crédits aux entreprises
« En Allemagne, si vous êtes une entreprise de taille moyenne, que vous réalisez un chiffre d’affaires entre 50 et 100 millions d’euros par an et que vous n’êtes pas coté en Bourse, il est très difficile de trouver des sources de financement privées », explique au Monde un porte-parole de la Deutsche Bank. « Si nous trouvons le moyen en Allemagne de transformer les conditions d’investissement de sorte que ces entreprises aient un meilleur accès au capital-risque privé, nous aurons fait un grand pas en avant. »
La banque a constaté pendant la pandémie que le système adopté par l’Etat pour soutenir ses entreprises pouvait facilement être étendu au financement des technologies d’avenir. Les banques privées ont pu accorder des crédits aux entreprises, en bénéficiant d’une garantie partielle de la banque publique d’investissement KfW contre le risque encouru. « Cela a très bien fonctionné et pourrait être adapté. En tant que banque de dimension mondiale, nous voyons que nos entreprises de taille moyenne et les jeunes entreprises, faute de financement approprié, sont souvent tentées de se financer à l’étranger pour grandir, notamment aux Etats-Unis », poursuit cette source.
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