A Tarascon, l’espoir renaît pour les salariés de Fibre Excellence
A Tarascon, depuis trois générations, on travaille de père en fils à l’usine de pâte à papier. Longtemps, la voie qui menait à Fibre Excellence au bord du Rhône a porté le nom de « Route de la cellulose », ce qui dit combien les lieux sont liés à cette activité depuis 1951. Mais l’histoire pourrait bien s’arrêter.
Le tribunal de commerce de Toulouse – la société mère a son siège en Haute-Garonne – doit statuer, mardi 26 janvier, sur un ultime sursis sollicité par le site des Bouches-du-Rhône, placé en redressement judiciaire depuis le 8 octobre 2020. Confrontés à des carences de trésorerie, les administrateurs judiciaires avaient saisi les juges, début janvier, d’une requête en liquidation. D’autant qu’à la date butoir du 12 janvier, aucun candidat à la reprise ne s’est déclaré et que Paper Excellence, l’actionnaire de l’usine de Tarascon maintient jusqu’à présent son refus d’apporter tout soutien financier.
De nouveaux éléments sont récemment intervenus faisant, selon l’intersyndicale CFDT-CGT, remonter le « yoyo émotionnel » auquel sont soumis les 300 salariés. Début janvier, l’Etat a apporté 1,6 million d’euros à la société afin de permettre la poursuite de la période d’observation jusqu’au 8 avril. Sept millions d’euros de fonds publics avaient déjà été apportés à l’automne.
Embellie sur le marché de la pâte à papier
Ce ballon d’oxygène s’est doublé d’une embellie sur le marché de la pâte à papier. Evoquant « un coup de chance », Jean-François Guillot, président de Fibre Excellence Tarascon, assure avoir décroché ces derniers jours des contrats payables au chargement des bateaux avec des clients asiatiques. Depuis janvier, l’usine de Tarascon ne sort plus que de la pâte écrue UKP. Son coût de revient est inférieur de 80 euros par tonne à la pâte blanchie et son prix de vente supérieur. En Chine, de nouvelles règles sur l’importation de papiers recyclés font que la demande en pâte écrue s’est récemment développée et, après une année 2020 marquée par l’effondrement des prix et une parité dollar euro défavorable, le marché est à la hausse. Fort de ce sursaut de trésorerie, « nous avons l’opportunité de présenter au tribunal un dossier plus positif », estime M. Guillot.
Mais la prolongation de la période d’observation n’offrirait qu’un bref répit. Sans repreneur, le sauvetage de Fibre Excellence Tarascon est loin d’être gagné. L’engagement fort de l’Etat s’explique par les conséquences en cascade qu’aurait la fermeture de l’usine de Tarascon. Au-delà des trois cents emplois directement menacés, c’est toute la filière bois française qui serait fortement impactée car l’usine consomme 1,2 million de tonnes de bois par an provenant de quatre régions, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche Comté.
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