Entre Emmanuel Macron et les syndicats, la brouille persiste

Entre Emmanuel Macron et les syndicats, la brouille persiste

Le président de la République, Emmanuel Macron, et le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, en octobre 2017.

Analyse. La démarche est inédite. Le 14 octobre, jour de l’interview télévisée d’Emmanuel Macron sur la crise sanitaire, les numéros un des cinq organisations syndicales représentatives – Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), Yves Veyrier (FO), François Hommeril (CFE-CGC) et Cyril Chabanier (CFTC) – ont adressé une lettre commune au premier ministre. « Une copie de ce courrier est adressée à monsieur le président de la République », ont précisé les signataires, comme pour nommer le véritable destinataire.

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D’emblée, les cinq dirigeants soulignent que « dans une telle période d’incertitude et d’inquiétude tant pour la santé que pour l’emploi, il [leur] parait essentiel que le dialogue social se traduise par une écoute et une réponse effective de la part des pouvoirs publics et le respect de l’autonomie de la négociation collective ». Notant les « restrictions importantes » que les dispositions sanitaires entraînent sur les droits syndicaux, ils demandent « une réunion rapide sur l’évaluation des conséquences des ordonnances travail, afin de rétablir les droits de représentation collective à la hauteur des enjeux actuels ».

Ils « exigent dans le même temps une réunion d’urgence consacrée à la reconnaissance effective du rôle essentiel des salariés et salariées des emplois dits de la deuxième ligne, qui doit se traduire sans délai par une revalorisation des salaires, conditions de travail, d’emploi et de carrières ».

« Mauvais signal »

Mettant de côté leurs nombreuses divergences, tous les cinq réaffirment que les aides publiques aux entreprises supposent de « véritables engagements » et des « contreparties » sur l’emploi, les salaires et les garanties collectives. Et invitent le gouvernement à abandonner la réforme de l’assurance-chômage et à ne « pas remettre à l’ordre du jour le sujet des retraites ». Cette initiative commune a été décidée, le 13 octobre, lors d’une réunion des cinq dirigeants – en visioconférence pour des raisons sanitaires – qui a permis, en une heure et au moyen de quelques retouches, de mettre tout le monde d’accord. De l’avis de tous, « Philippe [Martinez] a été extrêmement positif », en dépit des remous que sa signature pourrait provoquer en interne.

A ce jour, le courrier est resté lettre morte, comme si les destinataires étaient aux abonnés absents. Lors de son interview télévisée, M. Macron n’y a pas fait allusion mais a retoqué la proposition de la CFDT d’augmenter les minima sociaux et de faire bénéficier les moins de 25 ans du RSA. Annonçant une « aide exceptionnelle » pour une partie des précaires, le président a réaffirmé que « nos fondamentaux, c’est la lutte contre la pauvreté par l’activité et le travail. (…) Plus on augmente de manière unilatérale tous nos minima sociaux, plus on rend difficile le retour à l’activité ». « C’est totalement faux », s’est insurgé M. Hommeril en s’appuyant sur les travaux d’Esther Duflo relatifs à la lutte contre la pauvreté, couronnés par le prix Nobel d’économie en 2019.

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LJD

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