Valeo propose un accord emplois contre austérité à ses salariés
Dernière ligne droite sociale pour Valeo. La direction de l’équipementier automobile (dans le top 10 mondial et premier français, au coude-à-coude avec Faurecia) a présenté ses dernières propositions, lors d’une ultime réunion de négociations avec les syndicats sur la réduction de ses coûts salariaux en France, mercredi 23 septembre. Le groupe avait indiqué, fin juillet, à ses équipes françaises qu’elle souhaitait, face à la « crise exceptionnelle » provoquée par la pandémie de Covid-19, négocier un accord de performance consistant à diminuer de 10 % (soit un gain récurrent de 100 millions d’euros par an) ses frais de personnel pour ses trente sites de l’Hexagone, totalisant 13 400 salariés.
L’accord, révélé par Les Echos et confirmé au Monde par le principal syndicat de l’entreprise, la CFE-CGC, consiste, après plus de deux mois de discussions serrées, à échanger une cure d’austérité salariale contre l’engagement, pendant deux ans, de ne procéder à aucun plan social d’entreprise (PSE), ce qui écarte a priori une éventuelle fermeture de site. Les délégués centraux des quatre principales organisations représentatives de l’entreprise (CFE-CGC, CGT, CFDT et FO) allaient, dans les heures à venir, lancer une consultation de leurs mandants pour savoir s’ils acceptent les termes de l’accord. Mardi 29 septembre, les syndicats feront savoir s’ils signent ou non.
L’histoire est loin d’être terminée. Car si la direction a cédé sur l’absence de PSE – la ligne à ne pas franchir pour tous les syndicats –, les salariés devront accepter un gel des salaires pendant deux ans et renoncer à des primes (médaille du travail, « prime de progrès » liée à l’amélioration des performances du site) parfois importantes.
La CGT (deuxième syndicat avec 27 % des voix contre 32 % pour la CFE-CGC) a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne signerait pas. D’autant que le projet d’accord n’interdit pas les suppressions d’emplois. Les départs sur la base du volontariat, les ruptures conventionnelles collectives (au niveau d’un établissement) ou individuelles peuvent être enclenchés. Un peu moins de 2 000 emplois ont déjà été supprimés au premier semestre 2020 en France (4 000 en Europe et 12 000 dans le monde), essentiellement des intérimaires et des contrats courts pour l’Hexagone.
Amère potion
La situation est donc complexe et les débats d’ici au 29 septembre s’annoncent mouvementés. « Rien n’est fait, insiste Pascal Phan, coordinateur central CFE-CGC. Il va falloir écouter, discuter pour arriver à dégager un consensus, quel qu’il soit. Mais en tant que coordinateur, je ne me vois pas signer l’accord si la moitié de mes adhérents est contre. Simplement, il faut bien avoir en tête que la direction fait une grosse concession en renonçant à tout PSE. Chez Valeo, c’est une première ! Il y a probablement plus à perdre à ne pas signer qu’à signer. »
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