Le gouvernement prend ses distances avec l’offensive de Veolia contre Suez

Le gouvernement prend ses distances avec l’offensive de Veolia contre Suez

Antoine Frérot, PDG de Veolia, et Jean-Pierre Clamadieu, président d’Engie, à Paris, le 27 août 2020.

Le vent est-il en train de tourner ? Après avoir semblé apporter son soutien au projet d’offre publique d’achat (OPA) de Veolia sur Suez, le gouvernement de Jean Castex se montre désormais plus réservé sur l’opportunité de l’opération, alors que dirigeants, banquiers et avocats de Suez travaillent d’arrache-pied à une offre alternative.

« L’opération fait sens », estimait le premier ministre, début septembre, juste après l’annonce du projet de Veolia d’avaler son rival historique – en commençant par racheter à Engie 29,9 % du capital de Suez. M. Castex défendait notamment l’idée, au nom de la « souveraineté », de préserver les intérêts des groupes français dans le secteur des services à l’environnement (eau, déchets) face à des entreprises étrangères, et notamment chinoises.

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Depuis, il manifeste moins d’enthousiasme devant l’opposition catégorique de Suez, qui juge cette opération « hostile » et « funeste pour la France ». « Le premier ministre n’est pas opposé par principe à cette fusion, relativise-t-on à Matignon. En revanche, il est contre le monopole sur l’eau et les déchets que cela pourrait engendrer. » Surtout, M. Castex « attend de connaître la contre-proposition de Suez », avant de se prononcer. Il n’est plus question de favoriser d’abord la création d’un champion français, mais de bien mesurer les avantages et les inconvénients du projet.

Le premier ministre « s’est fait rouler dans la farine »

Le ministre de l’économie a lui aussi pris ses distances avec la position initiale de M. Castex. « Le premier ministre n’a aucunement pris parti, déclare Bruno Le Maire, jeudi 17 septembre, dans un entretien aux Echos. Il a rappelé que l’Etat actionnaire d’Engie [23,6 % du groupe d’énergie] a défini des conditions claires qui doivent être respectées : la préservation de l’emploi ; un projet de reprise de Suez à capitaux majoritairement français ; la valorisation patrimoniale pour l’Etat. » Et de mettre en garde : « N’ajoutons pas à la crise économique actuelle une guerre entre industriels français. Pour le reste, nous examinerons toutes les propositions avec impartialité et attention, en prenant le temps nécessaire. Aucun choix n’est arrêté. »

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Une source proche du dossier reproche à M. Castex d’avoir « un peu trop cru au discours de Veolia, qui lui a raconté que tout le monde était d’accord ». « Maintenant, il est obligé de rétropédaler. » Ce que confirme un patron qui connaît bien ce secteur : « Il s’est fait rouler dans la farine par Antoine Frérot, le PDG de Veolia, qui lui a présenté cette offre comme amicale. » Le ministère de l’économie et des finances exprime, en coulisses, des réserves depuis le début.

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