Coronavirus : salons virtuels pour entreprises privées de voyages
Cela a tout l’air d’un jeu vidéo. A l’écran, la caméra surplombe un centre de conférences puis file vers l’entrée d’un hall, où des invités se pressent à travers leur « avatar ». Dans la salle plénière, virtuellement assis les uns à côté des autres, des patrons, banquiers, consultants suivent parfois à des milliers de kilomètres de distance les mêmes conférences. Sur scène, ce sont deux hommes d’affaires imaginaires qui conversent, laissant tour à tour apparaître leur vrai visage à l’image quand ils activent leur caméra.
Pandémie oblige, cette année, l’université d’été de l’internationalisation des entreprises a investi un nouvel univers, celui de la 3D. Ce procédé, déjà utilisé dans bien des domaines – galeries, showrooms ou foires –, pourrait bien apporter un peu de répit à ce secteur de l’export fortement chahuté par la crise actuelle. « Les voyages, les salons, tout ou presque est annulé. Résultat, en l’espace de trois mois, certains commerciaux n’ont pas pu voir un seul nouveau client, raconte Etienne Vauchez, président du think tank La Fabrique de l’exportation. C’est difficile. Comment voulez-vous réussir à convaincre un Russe, un Chinois ou un Turc d’acheter un nouveau produit en ne passant que par Zoom ? »
Des « agents de liaison »
Dans l’urgence, les entreprises qui pouvaient se le permettre n’ont eu d’autre choix que de renouer avec les bonnes vieilles méthodes. A savoir le recours à des « agents de liaison » présents dans le pays pour remplacer les négociateurs habituels. Un chamboulement pour ces acteurs de terrain qui, faute de pouvoir voguer d’un continent à l’autre, se retrouvent à manager des intermédiaires à distance. Entre retour en arrière et innovations dignes d’un roman de science-fiction, le tâtonnement bat donc encore son plein.
« De nouveaux outils plus puissants que LinkedIn vont sans doute émerger pour offrir des mises en relation bien plus efficaces entre professionnels, espère cependant Etienne Vauchez. Voyez par exemple Alibaba. Sans le 11-Septembre, le SRAS et l’anthrax, cette plate-forme de commerce international chinoise n’aurait peut-être jamais connu son envol. Le point de départ de son succès tient au fait que, pendant plus de deux ans, entre 2001 et 2003, en raison de ces crises successives, les acheteurs américains ont moins voyagé en Chine, et qu’il leur a fallu trouver un autre moyen pour faire des affaires ! »
Numériques ou pas, ces solutions auront sans doute de l’avenir au-delà de la crise sanitaire. Selon un récent sondage réalisé par la revue Fortune, plus de la moitié des 500 plus grands groupes américains estiment que le niveau du nombre de voyages ne sera plus jamais le même qu’avant la pandémie.
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