Plan de départs en vue chez Webedia
« La vérité, il faut savoir la dire de manière assez brute… » C’est la mine grave et le costume sombre que Cédric Siré a annoncé la mise en place, jeudi 18 juin après-midi, lors d’une visioconférence, d’« un plan d’économies et [d’un] plan de départs » chez Webedia.
Graphique à l’appui, le fondateur et PDG du puissant groupe de médias numériques a tenté de démontrer que la baisse du chiffre d’affaires au cours de ces derniers mois (− 28 % en avril, − 39 % en mai) l’acculait à ces mesures drastiques. « Et les perspectives ne sont pas bonnes », a-t-il ajouté, estimant qu’il faudrait sans doute attendre 2023 pour que la société, qui chapeaute notamment PureMédias ou Allociné, retrouve la forme qu’elle affichait en 2019.
Conséquence directe : « jusqu’à 80-90 personnes » devront quitter l’unité économique et sociale Webedia au plus vite (soit entre 10 % et 15 % des effectifs), et sur la base d’une rupture conventionnelle collective. Celle-ci doit toutefois d’abord être négociée avec les représentants des salariés, acceptée par le syndicat majoritaire dans l’entreprise, la CFDT, puis validée par la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. Les discussions se sont ouvertes lundi. « Il s’agit d’un PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] déguisé », dénonce une source syndicale SNJ-CGT, qui n’envisage pas d’apposer sa signature sur cet accord.
50 millions d’euros d’économies à réaliser
« Je m’attendais à ce qu’on nous annonce des réductions de coûts, des non-remplacements de CDD, mais pas un plan de départs », a admis un salarié, sonné. La crise sanitaire a porté des coups particulièrement durs aux sites Allociné (privé de films à promouvoir), Easyvoyage (privé de voyages et de vols à comparer), ou encore eSports Academy, la plate-forme consacrée à l’e-sport, quand Jeuxvideo.com ou la VOD sur abonnement ont bien marché. « Nos sites ont connu de très belles audiences, mais alors que la publicité est notre seule ressource, elle a disparu », justifie-t-on à la direction. Devant les salariés, Cédric Siré a déclaré : « Nous sommes impactés de manière structurelle. » Une réflexion est en cours pour cesser l’activité de jeux sur mobile, particulièrement fragilisée.
Au-delà de la rupture conventionnelle collective, le dirigeant lance un « plan recover » à base d’austérité : 50 millions d’euros d’économies devront être réalisées, grâce à des réductions de charges locatives, des diminutions de notes de frais, des renégociations de contrats fournisseurs, un gel des embauches et des augmentations, etc. Quant aux activités de services et de contenus du groupe, elles vont changer de modèle, a-t-il annoncé sans s’avancer sur les détails. Filiale du groupe Fimalac de Marc Ladreit de Lacharrière, Webedia a d’ores et déjà enregistré le départ de quelque 150 personnes au Brésil, en Espagne, en Allemagne ou encore aux Etats-Unis.