Les intérimaires, premières victimes de la crise due au coronavirus

Les intérimaires, premières victimes de la crise due au coronavirus

Des techniciens fabriquent des pièces destinées à l’aéronautique, à Nantes, dans l’usine Daher, un sous-traitant d’Airbus.

Les éternels invisibles du marché du travail que sont les intérimaires payent au prix fort les conséquences économiques de la crise due au Covid-19.

Chute de l’activité intérimaire de 70 % du 15 au 20 mars, puis de 61 % en avril et de 50 % en mai : « La baisse s’atténue lentement et la dégradation reste totalement inédite », commente Prism’emploi. La fédération des professionnels de l’intérim parle d’« un choc quatre à cinq fois supérieur à celui de 2009 ».

Le frémissement de la reprise enregistré en mai grâce au redémarrage du BTP laisse encore de nombreuses personnes sur le carreau : les heures de missions perdues représentent 557 500 équivalents temps pleins en mars, puis 475 000 en avril, sur un total de 780 000. « Nos volumes se reconstituent. En avril-mai, le retrait de notre chiffre d’affaires n’est que de 30 %, confirme Jérôme Rieux, directeur général d’Adéquat, un réseau de 250 agences d’intérim, mais les incertitudes sont nombreuses. »

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En avril, le BTP a perdu 80 % de son activité intérimaire, l’industrie, le commerce et les services 50 %, 30 % pour le transport-logistique. Dans l’aéronautique ou l’automobile, les conséquences ont été immédiates et brutales pour l’emploi, surtout pour les ouvriers.

« Dès le début de la crise, on leur a dit “c’est fini”. Sur nos sites en Loire-Atlantique, par exemple, on comptait 630 intérimaires en février. Ils n’étaient plus que 250 en avril et maintenant, mi-juin, ils doivent être 150. Il y a tous les profils, des jeunes comme des quinquagénaires. Nous, on a perdu nos intérimaires, mais c’est pareil chez Airbus et dans toutes les boîtes de l’aéronautique », témoigne Bertrand Bauny, délégué syndical FO chez Daher, un sous-traitant d’Airbus, qui envisageait, dès avril, 3 000 suppressions d’emplois, dont 1 300 CDI.

Chez Safran, « ils arrêtent tous les intérimaires, les CDD et les prestataires », renchérit Daniel Barberot, coordinateur FO pour le groupe.

« On n’a pas trop le choix »

Les plans de soutien de 15 milliards d’euros pour la filière aéronautique et de 8 milliards pour l’automobile ne tombent pas directement dans la poche des intérimaires.

Vanessa (qui a demandé à garder l’anonymat), 34 ans, intérimaire depuis deux ans chez PSA Hordain, gagnait 1 500 euros, plus des primes de fin de contrat, en travaillant 35 heures, et un samedi matin sur deux, de 5 h 20 à 12 h 40. Elle est actuellement au chômage et a hâte de retrouver ses collègues de la chaîne de montage : « Je suis dans l’attente, mais le moral est bon. De toute façon, en tant qu’intérimaire, on subit, on n’a pas trop le choix. » La jeune femme se donne jusqu’à septembre avant de postuler ailleurs, même si elle sait que le marché de l’automobile reste incertain.

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LJD

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