Les entreprises se penchent sur la parentalité pour faciliter la reprise
Le 20 mars, le sang de Ronel N’Gangbet ne fait qu’un tour lorsqu’elle apprend que le père de ses deux enfants de 4 et 6 ans est hospitalisé, contaminé par le Covid-19. Le confinement a été décrété quelques jours plus tôt et elle sait que la situation est grave. Heureusement, après dix-neuf jours de coma, une intubation et un passage en réanimation, son ancien compagnon s’en est sorti. Elle a dû arrêter totalement de travailler pendant près d’un mois, puis a été placée en chômage partiel à 50 %, l’autre moitié de son agenda étant dédié à ses filles.
Mais les horaires de mère et ceux dévolus à son entreprise ne sont pas imperméables. « Maman ! J’ai fait pipi dans ma culotte », s’écrie la plus jeune alors que Ronel est en téléréunion avec un client. Compréhensif et amusé, l’interlocuteur l’excuse. Mais cette situation inconfortable risque de se reproduire. Les dirigeants s’attendent à ce que les écoles ne rouvrent pas normalement avant septembre. Alors, pour éviter que la parentalité ne remette en cause la reprise de l’activité, les entreprises multiplient les gestes à l’endroit de leurs salariés.
Le patron de Yoopies, une plate-forme de services à domicile, se frotte les mains : « Alors que d’ordinaire, une entreprise supplémentaire fait appel à nos services pour les salariés tous les mois, pendant le confinement, c’était une tous les deux à trois jours », témoigne Benjamin Suchar. En raison de l’explosion du marché, le dirigeant a avancé le déploiement de sa plate-forme Worklife, qui regroupe tous les avantages pour les salariés.
Des professeurs particuliers
Le confinement a fait tomber les frontières au point que l’entreprise doit désormais prendre en compte la famille dans son organisation. « Il y a cinq ans, il fallait prendre son bâton de pèlerin pour aborder les questions d’équilibre professionnel et personnel, les dirigeants savent aujourd’hui que c’est un levier de croissance et un investissement », abonde Jérôme Ballarin, président de l’Observatoire de la qualité de vie au travail (QVT).
Les entreprises d’importance vitale ont pu continuer à recevoir du public pendant le confinement, à condition que leurs employés puissent venir travailler. En Ile-de-France, sur 5 000 employés, la Caisse d’Epargne compte quelque 2 500 parents de jeunes enfants. Pour la poursuite de l’activité, les agences ont dû restreindre leurs horaires et fermer les samedis après-midi. L’entreprise a même payé des professeurs particuliers, et 2 000 enfants ont bénéficié d’aide aux devoirs. « C’est un dispositif qui ne peut pas être pérenne, en raison de son coût, même si le plus onéreux, ce sont surtout les mesures sanitaires », pointe François de Laportalière, chargé des ressources humaines.
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