Jeunes diplômés : en temps de crise, vaut-il mieux poursuivre ses études ?
Un taux de chômage qui atteint des records, des offres d’emploi à destination des bac +5 en net recul… Les prochains mois risquent de laisser sur le carreau nombre de nouveaux arrivants sur le marché du travail. De quoi hésiter à quitter le monde des études pour se lancer dans celui de la vie active.
« On a été inondés de coups de téléphones de jeunes inquiets », constate Valérie Delflandre, conseillère d’orientation au sein du Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ). Selon un sondage mené par l’Institut français d’opinion publique (IFOP) du 6 au 14 mai auprès d’un échantillon de 250 lycéens et 752 étudiants, 43 % déclarent ne pas être sereins quant à leur avenir professionnel. D’autant que les fins de cursus ont été chaotiques pour nombre d’étudiants, qui ont vu leur séjour à l’étranger ou leur stage de fin d’année ajournés pour cause de crise du Covid-19.
Ces expériences représentent pourtant un premier pas décisif dans le monde professionnel. « On a eu par exemple le cas d’une jeune diplômée d’école d’ingénieur, qui avait dû finir son stage de fin année en télétravail, se souvient Valérie Delflandre. Cette jeune femme ne se sentait pas suffisamment à l’aise au niveau du management pour se lancer dès maintenant dans la vie active. Elle s’est donc mise à la recherche d’une formation complémentaire ».
Pour ne pas lâcher des jeunes insuffisamment formés dans la nature, certains établissements ont pris les devants, en assouplissant les possibilités de redoublement en première année de master ou en offrant la possibilité d’effectuer la deuxième année en deux ans. Mais ce n’est pas le cas de tous.
Un retard impossible à rattraper
Pourtant, de l’avis de Frédéric Di Loreto, directeur adjoint de la Mission locale de Chambéry, enchaîner sur une formation complémentaire non prévue au départ s’avère judicieux dans le contexte économique actuel : « En juin, tous les jeunes qui auront obtenu leur diplôme vont se retrouver sur le marché du travail sans perspectives réelles, alerte-t-il. Pour ceux qui en ont les moyens, j’aurais fortement tendance à leur conseiller de réinvestir le champ du cursus scolaire au moins une année supplémentaire, afin de monter en qualification ».
Une étude de l’Insee alerte d’ailleurs sur les conséquences durables de l’arrivée sur le marché du travail en période de crise : en plus d’allonger la durée d’accès au premier emploi, une mauvaise conjoncture réduit la chance d’avoir un CDI et baisse le niveau du salaire d’embauche.
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