Le niveau de décès par suicide était à la baisse avant le Covid-19

Le niveau de décès par suicide était à la baisse avant le Covid-19

« Le rapport 2020 présente en dix-huit fiches les catégories professionnelles les plus touchées par le suicide. »

Les entreprises n’en ont pas fini avec le suicide, mais la tendance était plutôt à la baisse avant la pandémie de Covid-19. La France comptait 9 300 décès par suicide en 2016, alors que la moyenne annuelle, depuis dix ans, était plutôt autour de 10 000. Si l’on ne peut toujours pas établir de bilan chiffré incontestable des victimes du travail, le suicide étant un phénomène multifactoriel, le 4e rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS), publié mercredi 10 juin, recense les connaissances sur les liens entre travail, suicide et chômage.

Quoi de plus absurde que de mourir pour son travail ou à cause du chômage. Et pourtant, « même si le travail peut être source de bien-être et être gratifiant, il est établi par de nombreux travaux quantitatifs et qualitatifs que la santé mentale est dégradée par des conditions de travail délétères, des changements organisationnels répétés et non accompagnés dans les entreprises ou certaines méthodes de management », explique dans ce rapport la sociologue Diane Desprat, chargée de mission au ministère de la santé.

Les drames des dernières années et la récente période du confinement nous ont beaucoup appris sur l’importance du lien social dans les collectifs de travail et sur l’ampleur des risques psychosociaux en entreprise. Les transformations des organisations dans les années 2000 se sont accompagnées de plus en plus de suicides causés par le harcèlement moral, d’autres provoqués par la mobilité professionnelle plus ou moins forcée, l’épuisement professionnel et enfin le chômage.

Mais « malgré ces résultats, le suicide demeure fréquemment attribué à la fragilité intrinsèque des personnes, oubliant le rôle des conditions de travail et de vie », souligne Diane Desprat. Sans doute parce que les suicides au travail sont difficiles à dénombrer, avance-t-elle. L’ONS indique seulement que la moitié des 9 300 décès par suicide de 2016 concernent des personnes en âge de travailler entre 35 et 64 ans, avec un bilan nettement plus élevé chez les hommes que chez les femmes, respectivement 6 450 et 1 985.

Une remontée de données complexe

Il n’y a pas de statistiques plus récentes, car le circuit de remontée des causes de décès est long et complexe. Une partie du certificat de décès remonte vers l’Insee et une autre partie vers le centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). « La certification électronique en cours de déploiement devrait permettre un dénombrement plus rapide des suicides à l’avenir », explique un porte-parole de l’Observatoire national du suicide.

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LJD

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