Habillement : l’angoisse de 15 000 salariés
Naf Naf a ouvert le bal funeste des enseignes d’habillement en quête de repreneurs, mardi 9 juin. Réunis en audience, les juges du tribunal de commerce de Bobigny ont examiné les offres de reprise de la chaîne de mode féminine placée en redressement judiciaire mi-mai. Seules deux entreprises sont candidates à une reprise partielle. La chaîne fondée à Paris en 1973 exploite 146 magasins.
Sy, fournisseur de Naf Naf, espère mettre la main sur son réseau de points de vente pour écouler sa production issue de ses usines tunisiennes. « Sy a déjà un pied dans la distribution en France depuis la reprise de Sinequanone en novembre 2019 », fait valoir Luc Mory, PDG de Naf Naf, qui soutient l’offre portée par Selçuk Yilmaz, fondateur de Sy. Ses détracteurs y voient une manœuvre pour garantir ses factures impayées ; Naf Naf lui devrait près de 4 millions d’euros. M. Mory, qui sera associé au capital de l’entreprise, le cas échéant, y voit, lui, une association salutaire entre un fabricant et un distributeur. Sy s’engage à reprendre 125 magasins du réseau et 944 de ses 1 219 employés. Son rival, le groupe Beaumanoir, propose, lui, de sauver 195 magasins et 604 salariés, ainsi que la filiale espagnole et ses 100 salariés.
« Peu d’espoir »
Qui décrochera l’enseigne qui habillait les jeunes femmes des années 1980 ? Les salariés se sont prononcés en faveur de l’offre du groupe Sy. Les juges, eux, devraient trancher d’ici au 16 juin.
Les 5 391 employés La Halle se rongent aussi les sangs. Jeudi 11 juin, ils découvriront les offres de reprise de l’enseigne aux 830 magasins placée en redressement judiciaire, mi-avril, à la demande de sa maison mère, Vivarte. Pour l’heure, une demi-douzaine de candidats sont connus. Parmi eux figurent Lidl, Gémo, Chaussea et… à nouveau Beaumanoir. Le groupe breton est prêt à reprendre plus de 360 magasins et 2 300 salariés. « Plus de 2 200 salariés de La Halle pourraient être licenciés dans les prochaines semaines », calcule Loïc Riffaud, secrétaire du comité social et économique (CSE), élu CFTC.
Les 3 400 salariés de Camaïeu sont aussi dans l’expectative. Au siège de Roubaix, la CGT croit encore en ce « leader du marché féminin » créé en 1984, à Lens, par quatre hommes, dont Jean-Pierre Torck, un ancien proche de Gérard Mulliez, fondateur d’Auchan. Sa chute pourrait mettre en péril « au total 5 000 emplois » dans la région, s’alarme Thierry Siwik, délégué syndical. Les candidats à la reprise doivent déposer leur dossier d’ici au 29 juin.
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