« La crise sanitaire et le confinement ont permis de se rendre compte que la France a continué de tourner grâce à ses services publics »

« La crise sanitaire et le confinement ont permis de se rendre compte que la France a continué de tourner grâce à ses services publics »

Tribune. Qu’entend-on exactement par « dignité des métiers » et « valorisation de l’utilité sociale » ? Ne s’agit-il pas tout simplement de reconnaître (à ?) l’homme par son libre arbitre et son professionnalisme, par sa contribution au collectif de travail au sein duquel il gagne ses lettres de noblesse, de respectabilité, et par conséquent sa dignité ?

Il convient, pour être concret, de se concentrer sur deux éléments de réponse qu’il faut considérer comme centraux et donc prioritaires.

Le premier est économique. Car ce qui vient à l’esprit lorsqu’il est question de la valeur de l’utilité sociale, et que tout le monde a en tête aujourd’hui, c’est évidemment le sujet du salaire. Ce salaire qui occupe une place centrale dans notre dialogue social national, qui, par ailleurs, dépasse le contexte que nous traversons. Ce sujet du « salaire juste » renvoie à un débat plus large, à la fois politique, philosophique et éthique. Un débat dont l’énoncé pourrait être le suivant : « combien vaut l’utilité sociale ? »

Croire que le sentiment de dévalorisation pourrait se résoudre, en cette période de crise, par l’unique revalorisation des salaires de telles et telles professions, à commencer par les professionnels de santé parce qu’ils cristallisent l’attention médiatique, serait une erreur.

Fierté

Le second élément est social. Infirmiers, aides-soignants, hôtes de caisse, chauffeurs livreurs, agents de propreté… La liste est longue de ceux que nous avons remerciés et applaudis pendant des semaines et dont les emplois subissent une dégradation durable, antérieure à la crise et exacerbée par cette dernière. Quid, alors, de cette dégradation des conditions de travail, parent pauvre du débat actuel ?

Il est essentiel d’évoquer ce point car c’est de la valeur intrinsèque du travail dont il s’agit, de ce que l’on en obtient indépendamment de son salaire. Et cette dimension couvre des réalités aussi diverses que les moyens mis à disposition des personnes pour réaliser leurs missions, la reconnaissance de leurs compétences, la fierté d’appartenance à un corps de métiers, le sentiment de leur utilité sociale, la valorisation publique des biens accomplis, la qualité des liens unissant un corps social donné, les conditions d’exercice de leur métier, l’autonomie dont elles disposent, etc. Toutes ces notions relèvent d’un projet social.

Prenons l’exemple des professionnels de santé. Le sentiment d’indignité provient des deux facteurs précités.

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LJD

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