Les aéroports, grands oubliés des plans de soutien

Les aéroports, grands oubliés des plans de soutien

Habituellement très fréquenté, l’aéroport de Toulouse-Blagnac est complètement vide, tandis que la France est confinée, le 17 mars.

Les aéroports sont les grands oubliés des mesures de soutien aux principaux secteurs de l’économie. Ils ne figurent même pas dans le plan de 15 milliards d’euros pour l’aéronautique, annoncé, mardi 9 juin, par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire. « Nous sommes dans l’angle mort », s’inquiète Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français (UAF).

Pourtant, sur les tarmacs, c’est l’état d’urgence. « Les aéroports sont pour la plupart à l’arrêt depuis deux à trois mois. C’est sans précédent », se lamente Thomas Juin. Un paysage sinistré. L’activité des plates-formes aéroportuaires s’est effondrée. Un repli de 60 %, en moyenne, avec, parfois, des baisses de 70 % pour certaines, précise le patron de l’UAF. Alors qu’ils ont vu transiter 206 millions de passagers en 2019, les aéroports prévoient une baisse du trafic de 42 % en 2020.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Etat débloque 15 milliards d’euros pour soutenir la filière aéronautique

A Toulouse-Blagnac, qui frôlait les 10 millions de passagers ces deux dernières années, l’aéroport d’Airbus, la sixième plate-forme de France, vit ses jours les plus sombres. Le trafic a chuté à moins de 1 % en avril et mai. A Nice, la situation était aussi catastrophique, avec une activité tombée à 2 % par rapport à la normale.

Maintenant que la pandémie recule, les plates-formes craignent le pire, car les caisses sont vides. Thomas Juin évalue « le manque à gagner à environ 5 milliards d’euros », dont 2,5 milliards pour Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), qui représente à lui seul 50 % du trafic. Le groupe, dont le PDG est Augustin de Romanet, a annoncé avoir perdu 98 % de son chiffre d’affaires pendant les deux mois de fermeture. Un véritable drame pour un secteur « aux coûts fixes très importants, dont le modèle économique repose sur des charges fixes [80 %] et des investissements lourds financés par l’activité. Quand l’activité s’arrête, les coûts continuent de courir », déclare M. Juin.

Des licenciements se profilent

Déjà tenus à l’écart des grands plans de relance, les aéroports n’ont même pas eu droit « à la prolongation de l’activité partielle » au-delà du 1er juin. C’était pourtant l’une de leurs principales revendications. Ils voulaient bénéficier « de ce dispositif au même titre que la filière touristique », s’étonne le président de l’UAF.

Déjà, des licenciements se profilent. A Nice, les syndicats s’inquiètent pour les milliers d’emplois secondaires qui découlent de l’activité aéroportuaire. « Cela représente entre 6 000 et 8 000 personnes », précise Laury Bouhachi, l’un des responsables de la CGT du commerce de l’aéroport Nice-Côte d’Azur. A Toulouse, la zone aéroportuaire, qui entoure l’aéroport, enregistre 9 000 emplois indirects.

Il vous reste 59.34% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.