Airbus veut coûte que coûte maintenir sa production

Airbus veut coûte que coûte maintenir sa production

Produire à tout prix, tel semble être le credo d’Airbus. Comme prévu, Guillaume Faury, patron de l’avionneur, a annoncé, lundi 23 mars, le redémarrage de la production. Le groupe avait décrété quatre jours de pause, en France et en Espagne, pour désinfecter les usines et préparer les mesures et les équipements de protection destinés aux salariés. Pour justifier, la relance de la production, M. Faury a cité l’exemple du site de Tianjin, dans la grande banlieue de Pékin, qui « a rouvert » après avoir fermé ses portes pendant quinze jours.

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Pour reprendre son activité, Airbus a conclu un accord d’entreprise signé par seulement trois des quatre syndicats représentatifs : FO, la CGC et la CFTC. En revanche, « la CGT n’a pas signé cet accord », signale Xavier Petrachi, délégué CGT du constructeur. Le syndicat aurait préféré que l’avionneur suspende sa production au moins pendant la période de confinement de quinze jours décrétée par les autorités.

Soutien aux fournisseurs

Le groupe voit au-delà du coronavirus. Son objectif est de rester opérationnel pour pouvoir rebondir le plus haut possible lorsque la pandémie sera terminée. « Nous sécurisons également nos activités afin de préserver l’avenir d’Airbus et de reprendre efficacement nos opérations après la crise », a déclaré M. Faury. L’avionneur ne veut surtout pas se mettre dans la même situation que Boeing. Son rival américain a dû stopper sa production de 737 MAX dès janvier après que son moyen-courrier a été impliqué dans deux catastrophes aériennes qui ont causé la mort de 346 passagers et membres d’équipages. Cet arrêt des chaînes du MAX menace d’être très pénalisant pour Boeing.

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Selon l’équipementier américain Spirit Aerosystems, l’un des principaux fournisseurs du MAX, il faudra au minimum deux ans pour retrouver les cadences de production d’avant l’arrêt des chaînes. Un retard à l’allumage qu’Airbus refuse absolument. Notamment pour préserver tous les maillons du plus grand au plus petit de ses fournisseurs.

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L’avionneur a promis d’apporter « un soutien très fort à cet écosystème, à sa chaîne de fournisseurs ». Le PDG a rappelé que pour assembler « chaque avion, il fallait 500 000 pièces » dont beaucoup sont produites par des intervenants extérieurs. Outre un soutien aux équipementiers, il veut aussi rester à l’écoute des compagnies aériennes clientes de ses avions. « Nous allons voir avec chaque compagnie pour nous adapter à la nouvelle situation », a expliqué M. Faury.

Avec ce tour d’horizon, Airbus espère « établir de nouvelles prévisions » de production et de livraisons de ses appareils. Pour fixer ce nouveau calendrier, le groupe veut s’inspirer de l’exemple de la Chine qui a été « la première touchée, mais aussi la première à sortir de la crise ».

Aider les compagnies à ne pas faire faillite

Pour se donner les moyens de passer la crise, mais aussi d’épauler ses fournisseurs et ses compagnies clientes, l’entreprise a levé une nouvelle ligne de crédit de 15 milliards d’euros. Elle dispose désormais de 30 milliards d’euros de liquidités. Pour faire bonne mesure, la direction a annoncé qu’elle renonçait au versement d’un dividende de 1,4 milliard d’euros et qu’elle suspendait le financement de la retraite complémentaire. Cette manne ne sera pas de trop pour aider l’avionneur européen à repartir de l’avant après que le Covid-19 aura été terrassé. Si le constructeur ne veut pas perdre trop de clients, il devra sûrement mettre la main à la poche pour empêcher les compagnies aériennes de faire faillite, et donc de renoncer à leurs commandes.

Il pourrait suivre l’exemple du motoriste Safran, par ailleurs équipementier de premier rang d’Airbus. Selon les informations du Monde, plusieurs compagnies aériennes clientes des moteurs du groupe, lui ont déjà demandé des délais et des facilités de paiement.

« Il y aura toujours une aviation et les gens auront toujours besoin de voyager »

« Dans la plus grande majorité des cas, les compagnies veulent sécuriser leur trésorerie pour pouvoir rebondir dès que la crise sera passée », a assuré Guillaume Faury. Le dirigeant affiche sa très « forte confiance » en l’avenir, mais Airbus a quand même annulé ses prévisions de production et de livraisons pour 2020. M. Faury se veut optimiste car, selon lui, « il y aura toujours une aviation et les gens auront toujours besoin de voyager. Toutefois, cela prendra du temps » pour revenir à la normale.

Les usines du constructeur repartent dès ce lundi mais en configuration réduite, signale la CGT. En effet, certains salariés, testés positifs au SARS-CoV-2, sont confinés à leur domicile, tandis que d’autres doivent s’absenter pour garder leurs enfants. En pratique, les équipes de production travailleront six heures d’affilé avec deux à trois heures d’écart entre chaque équipe pour désinfecter les locaux. Contrairement à beaucoup d’entreprises, Airbus se refuse à prendre des mesures de chômage partiel. Au contraire, rappelle la CGT : « Les jours non travaillés devront être récupérés avant la fin de l’année. »

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LJD

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